Le rapport parlementaire qui veut mettre les militants écologistes en prison

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Une mission d’information parlementaire pilotée par Les Républicains et La République en marche demande de « renforcer l’arsenal pénal » contre « les militants antiglyphosate, véganes ou antichasse ». Les propositions pourraient être inscrites dans la loi, une perspective qui inquiète fortement les militants écologistes ou antispécistes.

Le tempo est plutôt mal choisi, la concordance des temps frappante. Alors que l’Assemblée nationale examine en ce moment la proposition de loi sur le bien-être animal, les députés ont voté en commission un rapport issu d’une mission d’information parlementaire sur « l’entrave aux activités légales ». En creux, certains députés veulent « renforcer l’arsenal pénal » contre « les militants antiglyphosate, véganes ou antichasse ». Ils proposent la création de nouveaux délits pour lutter plus efficacement contre la diffusion d’images sur les réseaux sociaux et pour limiter l’intrusion dans les abattoirs ou les fermes usines.

Ce document a reçu l’aval de la majorité La République en marche (LREM). Un an après la création de la cellule Déméter, une nouvelle étape est franchie dans la répression et la criminalisation du mouvement écologiste.

Le rapport a été adopté mardi 26 janvier en fin d’après-midi par les commissions du Développement durable, des Affaires économiques et des Lois. Présidée par le député Les Républicains Xavier Breton, la mission parlementaire compte également deux rapporteurs, Martine Leguille-Balloy et Alain Perea, tous deux affiliés à La République en marche. Ce travail est le fruit d’une promesse faite en juin 2019 par Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, alors députée, aux sénateurs. Dans le cadre du projet de loi créant l’Office français de la biodiversité (OFB), le Sénat avait souhaité créer un délit d’entrave aux activités de la chasse. L’idée n’avait finalement pas été retenue mais les présidentes des commissions des Lois et du Développement durable, Mmes Yaël Braun-Pivet et Barbara Pompili, s’étaient engagées à lancer une mission d’information sur le sujet.

Un an et demi plus tard, nous y voilà. Et contrairement à l’adage, le temps n’a pas assagi les parlementaires. Dès les premières pages, les auteurs du texte s’en prennent violemment aux écologistes et à leurs actions qui « stigmatisent des activités légales » comme « les OGM, la corrida, l’utilisation de glyphosate et autres produits phytosanitaires, les activités cynégétiques ou la consommation de protéines d’origine animale ». Les auteurs précisent que « les avancées démocratiques ne peuvent pas se faire en imposant des idéologies par la voie d’exactions, d’attaques, de menaces ou encore de pressions sur des activités légales ».
Un rapport qui cible nommément plusieurs associations comme L214.

D’après eux, ces dernières années, le nombre d’entraves à la chasse et à l’élevage industriel a explosé. Or « la réponse pénale apportée est trop faible », jugent-ils, regrettant que peu de plaintes soient déposées puis instruites. Le droit existant n’est pas adapté, estiment-ils.

L’état des lieux qu’ils dressent est volontairement dramatique, nourri par les plaintes des professionnels et des chasseurs, nombreux à avoir été auditionnés, contre seulement une association anti-chasse, AVA (Abolissons la vénerie aujourd’hui). « Greenpeace, France Nature Environnement et le WWF ont refusé les sollicitations de la représentation nationale », rappellent les députés en introduction, sans évoquer pour autant les raisons de leur boycott. Les rapporteurs déplorent « une radicalisation des actions » menées par des « militants de plus en plus urbains », « engagés dans une multitude de causes, notamment féministe, antinucléaire ou antipolice ». « On y retrouve également des black blocs », alertent-ils, très sérieusement.

Le rapport recense pêle-mêle les tentatives d’intrusions au sein d’exploitations agricoles et des faits divers, comme l’altercation entre « un jeune chasseur et trois militants radicaux qui l’auraient mordu à la main ». Il cite autant la multiplication des sit-in devant les abattoirs que « les échanges verbaux vifs » entre agriculteurs et écologistes, les tags sur les cabanes de chasseurs ou les bris de vitrines dont seraient victimes des boucheries. La question des réseaux sociaux est au cœur du rapport. Pour les auteurs, « les réseaux sociaux constituent en soi un moyen d’entrave » : ils « inspirent » et « amplifient les conséquences des actions ».

Le document cible nommément plusieurs associations : L214, Direct Action Everywhere, 269 Libération animale, Abolissons la vénerie aujourd’hui. « Bien organisées, avec une puissance d’influence importante, préméditant leurs actions et ayant une bonne connaissance de leurs droits, ces associations ont une capacité à exploiter les failles de la législation », notent-ils.
Le rapporteur de la mission voulait interdire le VTT en période de chasse.

Les députés font plusieurs recommandations : ils veulent d’abord créer un délit d’entrave à la chasse, passible de 6 mois d’emprisonnement et de 5.000 euros d’amende. Ils proposent aussi d’introduire dans le Code pénal un délit punissant d’un an d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende l’intrusion sur un site industriel, artisanal, agricole ou de loisirs, qui aurait pour but de « troubler la tranquillité ou le déroulement normal de l’activité ».

En 2018, la France était classée 29 ème dans l'indice des pays démocartiques.... Très mauvais classement pour le pays des droits de l'homme.

Les rapporteurs souhaitent élargir le champ législatif des discriminations pour ajouter l’activité professionnelle ou de loisirs. Ils recommandent aussi de punir d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende toute diffamation publique commise à l’encontre d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur activité professionnelle ou de loisir, et donc l’agriculture ou la chasse.

Plusieurs mesures apparaissent comme une réponse directe aux demandes du principal syndicat agricole, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). Il y a à peine plus d’un an, la présidente du syndicat, Christiane Lambert, avait demandé à la ministre de la Justice de l’époque, Nicole Belloubet, la création d’un délit spécifique aux intrusions dans les élevages, comme Reporterre l’avait signalé. La même avait aussi demandé, dès 2018, une commission d’enquête parlementaire sur les militants antispécistes. Vœu quasi exaucé avec cette mission d’information.

Elle a pu compter sur les trois parlementaires qui portent ce rapport. Le président est le député de l’Ain Les Républicains Xavier Breton. C’est dans son département qu’a eu lieu l’incendie d’un abattoir pour lequel des antispécistes ont été incriminés. Le rapport omet de préciser que ces derniers nient les faits. En ce qui concerne les rapporteurs, Alain Perea, député LREM de l’Aude, est coprésident du groupe Chasse, pêche et territoires à l’Assemblée nationale. Quand un vététiste avait été tué par un chasseur, il avait proposé d’interdire… le VTT pendant la période de chasse. La rapporteuse, Martine Leguille-Balloy, a été avocate dans l’agroalimentaire et avait déjà proposé une commission d’enquête sur l’agribashing.

Plus généralement, le rapport reprend exactement les mêmes arguments que ceux qui ont présidé à la création de la cellule de renseignement de la gendarmerie Déméter, en décembre 2019. La cible est la même, à savoir les contestataires du modèle agricole dominant, élargie aux anti-chasse. Les acteurs identiques : Déméter a été mise en place via un partenariat inédit entre seulement deux des syndicats agricoles — la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs — et la gendarmerie. Pour le justifier, la gendarmerie avançait que plus de 14.000 « atteintes au monde agricole » avaient été recensées en 2019. Mais la majorité était des vols et cambriolages. L214 avait pu calculer que seul 0,28 % était des actes antispécistes.

« On est dans la même logique que la loi Sécurité globale »

Pour ces députés, le phénomène est au contraire massif. « Nous sommes, avec Alain Perea, tous les deux du milieu rural et nous avons été surpris par ce que nous avons découvert », insiste Mme Leguille-Balloy, jointe par Reporterre. « Toute idéologie mérite d’être défendue, mais pas dans la violence. Nous devons concilier l’expression de ces idées et l’arrêt de la violence. » « Perturber la chasse est devenue la marotte de certains. Ils sont inconscients, il va y avoir des morts », avertit M. Perea.

Pas de quoi rassurer la sphère associative. « Il y a un risque de glissement. La contestation du système agricole dominant pourrait finir par être considérée comme du dénigrement », craint François Veillerette, de l’association Générations futures. « Je prends cela très au sérieux, car ils veulent criminaliser une critique sociale, politique, écologique, indique Fabrice Nicolino, président de l’association Nous voulons des coquelicots. Ce qui les embête, c’est que la société se révolte contre l’agriculture industrielle. Ils sentent le sol se dérober sous leurs pieds. »

« Il y a un refus d’entendre la société civile, poursuit la députée Génération Écologie Delphine Batho. Le fait de considérer comme délictuelles des activités qui concourent de façon normale et non violente à la vie démocratique est extrêmement choquant. On est dans la même logique que la loi Sécurité globale appliquée au domaine agricole. »

Autant de réticences balayées par les rapporteurs, qui appellent à des mesures urgentes. Pour aller vite, ils étudient deux solutions. Soit reprendre une proposition de loi sur le même sujet, déjà adoptée par le Sénat, et la renforcer avec les propositions du rapport. Soit introduire les dispositions via des amendements dans une autre loi passant bientôt en discussion. « On est en fin de législature, le risque est que ça ne débouche pas, peut-être vaudrait-il mieux appliquer de ce qui existe déjà dans le droit », nuance le député breton Paul Molac, membre de la mission. Le message a été, en tout cas, passé aux chasseurs et à la FNSEA : à un peu plus d’un an de la présidentielle, LREM reste à leur écoute.

Source : reporterre.net

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Preuves visuelles flagrantes de l'absorption de CO2 par la nature

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Les secteurs agricoles et alimentaires vont être très fortement impactés par le réchauffement climatique. Il faudra donc à la fois trouver le moyen de produire malgré le réchauffement climatique et en plus arrêter de réchauffer dans cet acte de production et de distribution ! Mais l'agriculture est aussi une SOLUTION car elle peut non seulement arrêter de réchauffer la planète mais en plus la refroidir en fixant massivement du carbone de l’atmosphère dans et sur les champs !

Avant de parler directement de l'agriculture et de la foresterie, il faut bien comprendre à quel point la végétation joue un rôle absolument fondamental de régulateur du climat sur notre Planète.

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En hiver, les concentrations de gaz à effet de serre grimpent à nouveau vers leur pic annuel, chaque année à un niveau plus élevé que l'année précédente. © Nasa

Le centre de recherche Goddard de la Nasa a produit une vidéo passionnante qui illustre magnifiquement ce phénomène, en indiquant la concentration de gaz carbonique dans l'atmosphère jour après jour dans les différentes régions du globe (plus il y a de gaz carbonique, plus la couleur passe au jaune et au rouge).

Des concentrations de gaz à effet de serre différentes selon les saisons

Si on commence début janvier, on peut observer de façon très graphique les effets de l'industrialisation en Amérique du Nord, en Europe et surtout en Chine : les émissions sont massives, et ces gaz délétères se répandent dans tout l'hémisphère nord en fonction des vents dominants.

Ils s'accumulent et, quand on arrive au début du printemps ils arrivent à un maximum : la planète est extrêmement polluée et donc le réchauffement climatique est à son maximum.

Et puis, à partir du mois de juin, miracle, la végétation se développe dans l'hémisphère nord et commence à capter sérieusement le carbone de l'atmosphère, ce qui fait décroître relativement rapidement la concentration de gaz carbonique. Certes, les usines continuent de polluer, mais la Nature est à ce moment-là, la plus forte.

À la fin de l'été, au mois d'août et septembre, on est revenu à des taux à peu près acceptables : merci les plantes, merci les arbres, l'humanité peut à nouveau respirer un peu mieux, malgré les incendies de forêts qui se poursuivent assidûment.

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Les niveaux baissent fortement en été alors que la vie végétale s'épanouit dans l'hémisphère nord. © Nasa

Et puis malheureusement, la nature se met en repos dans l'hémisphère nord, les usines redéploient d'efforts, la population recommence à se chauffer, et à partir des mois d'octobre et novembre la situation devient à nouveau dramatique... et, comme chaque année, notre Planète s'asphyxie littéralement à Noël.

Arrêtons-nous juste un instant sur la comparaison particulièrement éloquente entre le 27 juillet et le 27 décembre. Merci la végétation ! Notons également que la concentration beaucoup plus forte de la population et de l'industrie dans l'hémisphère nord rend cette région du monde beaucoup plus délétère que le sud de la planète.

Face aux milliards de tonnes de CO2 en excédent, notre Planète est en très grande fragilité. On doit pouvoir agir !

Publié dans Nature

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La France va planter 7.000 km de haies, afin de protéger la biodiversité

Publié le par Notre Terre

Plus de deux tiers de ces végétaux avaient été arrachés dans les années 1960, mais ces barrières végétales vont faire leur retour.

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La France va planter 7.000 kilomètres de haies sur son territoire d’ici la fin de l’année 2022. Ce programme a été dévoilé dans le cadre du One Planet Summit, un rassemblement international autour du thème de la biodiversité organisé ce lundi à L’Élysée. Il bénéficiera d’un budget de 50 millions d’euros, indique Le Parisien. L’objectif est de faire bénéficier la faune et la flore des avantages de cette végétation particulière.

Chaque kilomètre de haie permettra en effet d’éviter le rejet de 2 tonnes de CO2 chaque année. Ces barrières peuvent limiter, voire empêcher, les inondations et glissements de terrains en cas de fortes pluies. Dans des périodes de canicule, l’ombre qu’elles projettent protège de la sécheresse les plantes qui y poussent et les animaux qui s’y abritent. Ces barres de frênes, aulnes, églantiers ou aubépines assurent une variété d’espèces végétales.
Elles protègent la diversité des espèces

Ce type de végétation est également un gage de diversité animale. Avant que plus de deux tiers des haies françaises ne soient arrachées au cours du remembrement agricole des années 1960, elles servaient d’abri, d’habitat et de chemin de déplacement à de nombreuses espèces. Depuis la disparition de ces plantations, une diminution de la population d’insectes, dont les papillons, de hérissons ou d’oiseaux a été observée.

« Le nombre de mésanges ou chardonnerets baisse à une vitesse phénoménale », déplore ainsi le président de France Nature Environnement (FNE). Ce dernier estime que les haies rendent « d’innombrables services environnementaux ». La décision d’en faire disparaître une grande majorité avait pourtant été prise pour des raisons de rendement agricole. Ces limitations végétales stratégiquement placées par les agriculteurs étaient accusées de faire « perdre en productivité à cause de leur ombre », raconte le dirigeant de FNE.

Publié dans Les bonnes nouvelles

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Le Mexique bannit le maïs OGM et le glyphosate

Publié le par Notre Terre

Une excellente nouvelle venu d'Amérique du Nord et de surcroit d'un partenaire commercial des Etats-Unis.

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Le gouvernement mexicain s'est engagé à bannir de son sol en trois ans le maïs génétiquement modifié ainsi que le très contesté herbicide glyphosate, des décisions saluées par les organisations environnementales et décriées par le secteur agro-industriel.

Dans un décret entré en vigueur le 1er janvier, le gouvernement du président de gauche Andres Manuel Lopez Obrador a annoncé que les autorités "révoqueront et s'abstiendront d'accorder des permis pour la dissémination dans l'environnement de semences de maïs génétiquement modifié".

Les importations de maïs transgénique seront graduellement réduites jusqu'à ce que plus aucun permis d'importation ne soit délivré d'ici trois ans.

Selon le gouvernement, cette mesure vise à contribuer à la souveraineté alimentaire et à protéger le maïs indigène du Mexique.

Le pays est pourtant un grand importateur de la céréale et en a acheté 714.900 tonnes sur le marché mondial, le maïs étant un ingrédient de base de l'alimentation et est consommé quotidiennement dans les célèbres tortillas.

L'herbicide glyphosate, classé depuis mars 2015 comme "cancérigène probable" par le Centre national de recherche contre le cancer (CIRC), organe dépendant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sera progressivement éradiqué avec une interdiction totale au 31 janvier 2024.

Le décret indique que les organismes gouvernementaux doivent s'abstenir d'acquérir ou d'utiliser le glyphosate et que des alternatives durables doivent être recherchées par l'industrie agro-alimentaire.

Ainsi, "les produits agrochimiques, biologiques ou organiques de faible toxicité, les pratiques agro-écologiques ou celles nécessitant une utilisation intensive de main-d'œuvre" sont favorisées, note le décret.

- Précurseur -

L'organisation environnementale Greenpeace s'est félicitée "de l'interdiction du maïs génétiquement modifié et de l'interdiction progressive du glyphosate d'ici 2024, car ce sont des étapes importantes vers une production écologique qui préserve la biodiversité", a déclaré l'ONG dans un communiqué.

Selon Greenpeace, OGM et glyphosate mettent en danger "la diversité des variétés agricoles conservées dans les champs qui sont fondamentales pour la production alimentaire".

Herbicide controversé à travers le monde, le glyphosate est commercialisé par la firme américaine Monsanto, filiale de la division agrochimie du groupe allemand Bayer qui a annoncé fin juin un accord de plus de dix milliards de dollars pour solder plus de cent mille litiges rien qu'aux Etats-Unis concernant le Round'Up, son herbicide à base de glyphosate accusé de provoquer le cancer.

Contrairement aux défenseurs de l'environnement, Proccyt, organisation représentative de l'industrie agro-alimentaire, a estimé que cette décision gouvernementale était un "pas en arrière".

"C'est un affront, manifeste et opportuniste, qui affecte toute la campagne mexicaine et met en danger la stabilité des prix et la disponibilité d'aliments stratégiques comme le maïs", a déclaré l'organisation dans un communiqué.

Proccyt a en outre averti que les agriculteurs mexicains allaient perdre en compétitivité face aux agriculteurs qui utilisent l'herbicide, notamment Américains.

Avec ces engagements fermes, le Mexique s'impose en précurseur en Amérique latine et au-delà.
En octobre dernier, l'Argentine est devenue le premier pays au monde à approuver la commercialisation de blé génétiquement modifié, tandis qu'en Colombie la pulvérisation en masse de glyphosate par le gouvernement pour détruire les cultures de coca clandestines commence à être remise en question.

En Europe, seul le Luxembourg s'est pour l'instant engagé à se passer du glyphosate dont l'autorisation de commercialisation dans l'Union européenne court jusqu'à fin 2022.

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L'eucalyptus, un rempart écolo pour lutter contre la désertification au Sénégal

Publié le par Notre Terre

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Les épisodes répétés de sécheresse accentuent l'extension des zones arides dans le monde. Un phénomène dramatique pour les populations locales ainsi que l'écosystème de la planète. C'est pourquoi des Sénégalais tentent d'inverser la tendance en végétalisant le Désert de Loumpoul dans le but de mieux le contenir.

Réchauffement climatique, croissance démographique, agriculture intensive, urbanisation, déforestation... autant d'activités humaines qui participent au lent mais inexorable phénomène de désertification. Les conséquences sont dramatiques pour les populations locales qui doivent se déplacer, faute de ressources et voyant leur santé se détériorer.

Omar Sow fait partie des deux milliards de personnes vivant dans ces zones semi-arides ou arides. Le Sénégalais élève des dromadaires dans le désert de Lompoul au Sénégal, l'un des plus petits au monde avec une surface qui n'excède pas les dix-huit kilomètres carrés. Une activité qui se transmet de père en fils dans sa famille. "Il faut s'en occuper (des dromadaires, ndlr) tout le temps pour qu'ils aient l'air de bien se porter. Il existe une vraie technique pour apprendre à les guider dans ce désert et y balader les visiteurs", explique-t-il.

Cependant la vie d'Omar, au même titre que ses semblables, est de plus en plus menacée par la progression du désert qui ne cesse de s'étendre. Ainsi, une poignée de Sénégalais se mobilise afin de remédier à cette catastrophe environnementale.

330.000 eucalyptus plantés cette année

Le guide Mamadou Séné lutte contre la désertification dans son pays. "Nous sommes dans une région où la mer n'est pas très loin, nous avons donc beaucoup de vent qui fait avancer très vite le désert. Lorsque nous avons compris ça, nous avons très vite planté des eucalyptus pour contrôler le désert", souligne ce bénévole.

En plus des millions d'arbres plantés dans le creux des dunes depuis environ cinquante ans, les Sénégalais mènent désormais une bataille sans relâche contre l'extension du désert avec cette plante d'origine Australienne connue pour ses vertus médicinales. "Là nous avons 330.000 eucalyptus qui sont plantés dans cette campagne de reboisement cette année", pointe du doigt Mamadou vers la pépinière géante. "Ici, nous avons une rangée d'eucalyptus qui seront prêtes à être plantées d'ici deux semaines. On attend juste que le sable soit très bien mouillé pour qu'elles puissent être plantées" ultérieurement ailleurs. "Après trois mois de pluie, on a plus besoin de les arroser jusqu'au prochain hibernage (période de pluie, ndlr)" Ces plantations changent le visage du désert qui se transforme, pour le plus grand bonheur de ses habitants, en terre verte et cultivable.

Les pêcheurs menacés

La progression du désert menace également la vie des 3.000 habitants qui vivent près de la mer, dont un tiers sont pêcheurs. Une double peine pour ces Sénégalais qui ont parfois du mal à trouver de quoi pêcher.

Cette activité balnéaire ne leur permet pas toujours de se remplir les poches. "C'est l'arrivée d'une pirogue qui vient de passer une nuit dans la mer. La pêche n'a pas été très bonne. Il n'y a pas grand-chose à vendre. Ça va leur rapporter même pas dix euros", déplore Mamadou Séné. Certains d'entre eux renoncent ainsi à naviguer au large de l'Atlantique. "Cette pirogue depuis deux mois ne part pas à la mer parce que cette mer-là n'a pas de poissons. Le travail n'est pas bon", confirme Gayo Bâ.

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