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Le dérèglement climatique coûtera bien plus que prévu

Publié le par Notre Terre

coût réchauffement climatique

D’ici à 2049, les dégâts provoqués par le dérèglement climatique coûteront à l’économie mondiale des dizaines de milliers de milliards de dollars, révèle une étude.

Selon une étude parue le 17 avril dans Nature, les conditions météorologiques extrêmes – résultat du dérèglement climatique d’origine anthropique –, qui ravagent les terres agricoles, nuisent à la productivité et détruisent les infrastructures, infligeront à l’économie mondiale des pertes d’une valeur annuelle de 38 000 milliards de dollars d’ici à 2049.
L’étude, qui se fonde sur quarante ans de données issues de 1 600 régions du monde, montre également que le réchauffement de la planète s’accompagnera d’une réduction des revenus de 19 % au niveau mondial d’ici au milieu du siècle, par rapport à une économie mondiale qui n’aurait pas été affectée par le dérèglement climatique.

“[D’ici vingt-six ans, les coûts des] dommages seront déjà six fois supérieurs au coût des mesures nécessaires pour limiter le réchauffement de la planète à 2 °C et varieront fortement ensuite en fonction des choix [qui seront faits] en matière d’émissions [de gaz à effet de serre]”, écrivent les auteurs.

Lutter contre le dérèglement reviendrait moins cher

Ils soulignent aussi que les pertes les plus importantes seront enregistrées dans des régions situées dans les latitudes basses, où les émissions historiques cumulées sont plus faibles qu’ailleurs et où les revenus actuels sont les moins élevés.

Mais le coût économique du dérèglement climatique se fera sentir partout, “y compris dans les pays très développés comme l’Allemagne, la France et les États-Unis”, indique à Bloomberg Leonie Wenz, chercheuse au Potsdam Institute for Climate Impact Research, qui a piloté ces travaux. Seules les régions situées à des latitudes très élevées bénéficieront du réchauffement des températures.

“Cela coûte beaucoup moins cher de protéger notre climat que de ne pas le faire, même si l’on ne prend pas en compte les conséquences non économiques, comme la disparition de la vie et de la biodiversité”, insiste la chercheuse.

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Comment la guerre en Ukraine a aussi détruit l'environnement et tué la biodiversité

Publié le par Notre Terre

La destruction de l'environnement et des écosystèmes est l'un des dommages collatéraux de la guerre en Ukraine, qui a débuté il y a aujourd'hui deux ans.

Pertes humaines, crise humanitaire, villes détruites, choc économique... En deux ans, la guerre a laissé de profondes séquelles en Ukraine. Les combats ont aussi engendré des dégâts préoccupants à l'un des écosystèmes les plus riches d'Europe, dont l'ampleur demeure difficile à évaluer, en particulier dans les zones occupées par les troupes russes.

"L'air, la terre et l'eau ont été pollués à cause des combats", s'était indignée Victoria Kireeva, vice-ministre ukrainienne chargée de la Protection de l'environnement, pendant la COP28 à Dubaï en décembre. L'Ukraine avait marqué les esprits en présentant son évaluation des émissions de CO2 liées au conflit. "Après 18 mois de guerre, le montant total des émissions est estimé à 150 millions de tonnes de CO2, plus que les émissions annuelles d'un pays très développé comme la Belgique", avait-elle avancé.

Avec cette évaluation réalisée par les experts de l'Initiative on GHG Accounting of War, l'Ukraine entend un jour obtenir réparation auprès de Moscou pour "crimes environnementaux". "C'est la première fois que des chercheurs tentaient d'estimer les émissions d'une guerre, car ni les conflits ni les émissions militaires ne sont correctement pris en compte dans les accords climatiques", explique Doug Weir, directeur de l'Observatoire des conflits et de l'environnement.

Des forêts qui partent en fumée

L'initiative ukrainienne a détaillé les causes de ces émissions de CO2 inhabituelles : un quart est dû à la guerre elle-même (artillerie, bombardements), 15% aux incendies et 12% à l'aviation civile obligée de contourner l'Ukraine pour des raisons de sécurité. Les chercheurs ont aussi distingué les émissions directes et indirectes. Les premiers incluent les résultats des explosions et des feux, les altérations du paysage liées aux bombardements et au passage de véhicules, ainsi que la contamination par des résidus toxiques et les nuisances sonores. Parmi les émissions indirectes de CO2, la reconstruction de l'Ukraine génère à elle seule plus du tiers (36%) des émissions liées au conflit.

Emissions GES guerre Ukraine

"A la fin du mois d'octobre 2023, les incendies déclenchés depuis le début de la guerre couvraient environ 12 000 km2", soit plus de 20% des forêts, explique Nickolai Denisov, directeur de l'association Zoï Environnement Network.

En plus d'émettre énormément de carbone dans l'air, les feux déclenchés par les bombardements et l'artillerie lourde affectent la biodiversité en tuant les animaux et leurs habitats. D'autant que les interventions des pompiers sont limitées. En novembre 2023, plus de 6 000 hectares de plantes rares et d'habitats humides ont brûlé sur la péninsule de Kinburn, près d'Odessa, selon une étude internationale menée par des défenseurs de l'environnement et publiée dans la revue Parks en novembre 2023.

"La confiscation de matériel de lutte contre les incendies par les troupes russes a aggravé ces feux", estiment les auteurs. Ailleurs, les mines rendent l'accès au feu plus dangereux encore. "Les pompiers tentent de le faire quand même, mais certains d'entre eux ont été tués et de nombreux véhicules ont été détruits. Il y a aussi moins de véhicules parce qu'ils sont réquisitionnés par l'armée, donc le dispositif anti-incendies est très loin d'être à son niveau d'avant-guerre", détaille Nickolai Denisov.

Des métaux lourds dans les sols

Les recherches montrent aussi que la guerre ravage les sols et pollue l'eau, où pénètrent des métaux lourds présents dans les mines antipersonnel et les missiles. "Dans les territoires désoccupés, on enregistre des concentrations excessives de mercure, de cuivre, de zinc et une augmentation de la pollution organique et biogénique de l'eau à des points d'observation où elles n'étaient pas du tout enregistrées avant la guerre", explique le ministère de la Protection de l'environnement. La région de Kharkiv a par exemple enregistré une augmentation de 200% de la contamination au cadmium, un métal très cancérigène. Les régions de Kherson et de Zaporijjia subissent aussi une hausse de 139% et de 156% des marées noires, selon une étude parue dans l'International Journal of Environnemental Studies.

La contamination s'infiltre jusque dans les nappes phréatiques, qui fournissent 25% de l'eau potable utilisée en Ukraine. "Le système des eaux souterraines est très lent, donc il faut un certain temps pour que les métaux lourds entrent et soient détectables", explique Nickolai Denisov. Le bassin houiller du Donbass, pivot de l'industrie minière ukrainienne, est constamment menacé par les bombardements et les coupures d'électricité. Pour empêcher les galeries souterraines inexploitées de se retrouver inondées par des eaux contaminées à l'arsenic ou au plomb, abondants dans le charbon, un pompage continu est essentiel. Toutefois, les interruptions fréquentes de l'alimentation électrique perturbent ce processus vital, créant ainsi une menace de pollution permanente pour les nappes phréatiques.

Des espèces déplacées

En juin 2023, l'explosion du barrage de Kakhovka, dans le sud du pays, a aussi eu des conséquences désastreuses sur les écosystèmes, au point que le procureur général a ouvert une enquête pour "crime d'écocide", non reconnu par le droit international à ce jour. Après la destruction de l'édifice, 63 447 hectares de forêts ont été inondés et des centaines d'animaux ont été tués ou ont dû fuir, selon le ministère de la Protection de l'environnement. "Cela a eu des conséquences en aval en libérant une immense masse d'eau : de nombreuses habitations ont été inondées, et beaucoup animaux ont été déplacés ou tués", explique le directeur de l'ONG Zoï Environnement Network.
Des espèces rares, comme la fourmi liometopum microcephalum ou la souris de Nordmann, dont 70% de la population mondiale vivait dans des zones qui ont été inondées, risquent de disparaître localement. "En amont du barrage, les écosystèmes avaient l'habitude d'avoir ce réservoir à proximité, ils étaient donc dépendants de cette eau. Tous les organismes vivants qui étaient présents dans le bassin sont morts. Il y a de forts risques qu'ils soient remplacés par des espèces tropicales invasives plus résistantes et destructrices", renchérit Marie-Ange Schellekens, chercheuse en droit de l'environnement à l'université de La Rochelle et spécialiste des effets des conflits sur la nature.

Si l'Ukraine représente moins de 6% de la superficie de l'Europe, elle est capitale pour les espèces migratrices et abrite 35% de sa biodiversité, selon le Journal officiel de l'Union européenne (PDF). Cela équivaut à plus de 70 000 espèces, dont beaucoup sont rares et endémiques. "Depuis le 24 février 2022, 812 réserves naturelles couvrant une superficie de 0,9 million d'hectares ont été touchées par la guerre", explique le ministère de l'Environnement. Selon lui, de "nombreuses espèces" présentes dans le Livre rouge qui recense les végétaux et animaux menacés dans le pays ont disparu. Mais le recensement ne pourra réellement commencer qu'une fois la guerre terminée et les réserves naturelles déminées.
De manière plus insidieuse, la guerre perturbe aussi la politique environnementale de Kiev, notamment dans les zones disputées ou occupées par les forces russes. Le territoire ukrainien possède huit réserves de biosphère reconnues par l'Unesco, des zones favorisant la conservation de la biodiversité. Celle d'Askania-Nova, dans la région occupée de Kherson, a dû évacuer tout son personnel et il n'est possible "de surveiller ce qui se passe dans la réserve que grâce aux images satellite", écrit le groupe de travail sur les conséquences environnementales de la guerre en Ukraine.

L'étude publiée dans la revue Parks en novembre 2023 cite plusieurs exemples de ces zones protégées désormais menacées par la guerre. Dans le parc national de Pryazovske, l'une des plus grandes réserves naturelles du pays, dans la région de Zaporijjia, les auteurs ont observé "l'établissement de fortifications, de tranchées, de terrains d'entraînement pour l'artillerie lourde et d'un stand de tir". Dans cette réserve marine, "la pêche industrielle extrait 4,5 à 9 tonnes de poisson par jour". Le parc naturel national de Méotide, dans la région de Donetsk, aurait quant à lui été le théâtre d'"entraînement au tir sur d'importantes colonies d'oiseaux".

Même sur le territoire dont Kiev a gardé le contrôle, la loi martiale destinée à soutenir les capacités de défense du pays a mis entre parenthèses les questions climatiques et environnementales. Selon Marie-Ange Schellekens, "toutes les réformes environnementales commencées avant la guerre sont tombées à l'eau". La loi 7144, adoptée par le Parlement ukrainien le 15 mars 2022 sous la pression des sylviculteurs, a par exemple permis la reprise de l'exploitation forestière pendant la "période de silence", cruciale pour la reproduction des animaux et la préservation de la biodiversité. De quoi nourrir les inquiétudes pour l'avenir. "La question sera de savoir dans quelle mesure le gouvernement ukrainien intégrera les questions environnementales au moment de la reconstruction", conclut Doug Weir.

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Réchauffement climatique : – 7 °C de moins sous les arbres

Publié le par Notre Terre

7 °C de moins sous les arbres qu'en plein soleil en ville. Les mesures du programme Cooltrees, piloté par l’Inrae, montrent à quel point le feuillage des arbres constitue une véritable carapace absorbante... non négligeable lors de périodes de très fortes chaleurs !

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7 °C ! C’est la différence de température entre le plein soleil et sous les arbres, dans une rue classique, bordée de bâtiments et plantée d’arbres de chaque côté. Appréciable lorsque les températures tutoient les 40 °C comme cela a souvent été le cas l’été dernier !

Ces mesures obtenues par le programme Cooltrees, piloté par l’Inrae, montrent à quel point le feuillage des arbres constitue une véritable carapace absorbante : il absorbe les rayonnements directs du soleil, sans stocker cette énergie et sans la redistribuer la nuit. Un effet climatiseur qui permet de rendre les températures plus supportables, sachant que pour l’humain, les chaleurs sont considérées comme confortables jusqu’à 26 °C, modérées de 27 à 32 °C, fortes entre 33 et 38 °C et très fortes à partir de 39 °C.

Cet impact n’est valable que pour des arbres d’une taille respectable : « Pour que ces arbres offrent tout leur potentiel, il faut qu’ils aient atteint l’âge adulte, d’où l’urgence de conserver les arbres existants compatibles avec la vie de la cité et de planter dans de bonnes conditions », conseille Augustin Bonnardot, arboriste-conseil au CAUE77, en prélude à l’étude.

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Aux Baux-de-Provence, des eaux usées pour mieux irriguer des oliviers

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Dans les Alpilles, la sécheresse a fait de 2022 une année dramatique pour les oliviers. Aux Baux-de-Provence, des oléiculteurs aimeraient utiliser les eaux usées (et traitées) à des fins d’irrigation. Une idée qui devra toutefois être testée et autorisée.

Dans les Alpilles, l'année 2022 a été une année noire pour les oliviers. Jusqu'à moins de 70% des récoltes par rapport aux autres années à cause du manque d'eau. Face à ce constat, certains oléiculteurs font le pari de pouvoir se servir des eaux usées après traitement pour irriguer une partie de leur arbres. Aux Baux-de-Provence, ce sont cinq producteurs qui participent à cette expérimentation. "Une autre station d'épuration comme celle de Maussane-les-Alpilles rejette 4000 mètres cube d'eau par jour. Nous, on va prendre ces eaux, dans ce verger. On va mettre quelques centaines d'arbres à disposition de l'expérimentation, pour montrer qu'au final, il n'y aucun impact sur les oliviers", développe l'oléiculteur Jean-Benoît Hugues.

En plus des oliviers, ce test prévu pour le printemps prochain se fera également sur des amandiers. Mais avant cela, il devra être autorisé par la préfecture. L'opération, en plus de l'irrigation de 200 hectares de culture, pourra servir à remplir des citernes en prévision des incendies ou encore à nettoyer les rues et les équipements du territoire.

Seulement 1% des eaux usées sont réutilisées

Dans l'Hexagone, ce sont à peine 1% des eaux usées qui sont réutilisées, contre 14 % en Espagne et 8% en Italie. Malgré cela, des précurseurs français font déjà un usage précieux de cette méthode d'irrigation responsable. Près de Montpellier, un viticulteur irrigue ses pieds de vignes avec des eaux traités depuis cinq ans. "C'est remarquable, en termes de rendement et surtout de qualité", souligne-t-il. L'expérience est pour le moment concluante. "On n'a pas retrouvé d'indicateur pathogène dans le raisin et au niveau fertilisants, on a un apport intéressant pour les agriculteurs", précise un expert.

En prévision des sécheresses futures, la réutilisation des eaux usées, pour les oliviers comme pour le raisin, apparaît comme une solution durable et responsable, sur laquelle les producteurs sont prêts à miser.

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Sud-Aveyron : 32 000 litres de glands prêts à repeupler les forêts françaises

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L'Aveyron a fourni cette année 80 % de la récolte nationale de glands.

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Dans l’objectif de conserver le chêne pubescent pour reconstituer des peuplements dépérissants face aux changements climatiques, une récolte a été organisée entre les mois de septembre et d’octobre dernier sur les communes de l’Hospitalet-du-Larzac, Nant, le Viala-du-Tarn et Montjaux.

L'Aveyron peut faire face à la demande

Ce ne sont pas moins de 32 000 litres de glands qui ont été récoltés sur les 40 000 litres attendus au niveau national. Soit une récolte nationale à 80 % aveyronnaise. Avec quelque 280 000 hectares de forêts, soit plus de 31 % de sa surface, l'Aveyron peut faire face à la demande.
"35 ans que je récolte des graines"

Didier Desseaux, technicien forestier de l’ONF, spécialisé dans la récolte de graines forestières, prend sa retraite ce mois-ci et est fier de terminer en beauté : "Cela fait 35 ans que je récolte des graines en tant que maître d’œuvre et on n’a jamais fait de moisson de cette ampleur ! On s’est même trouvé en difficulté face à ces peuplements très fructifères !"

Cette année exceptionnelle s’explique par des conditions climatiques très favorables, notamment au moment de la floraison puis de la fécondation des arbres. Plus les végétaux sont stressés par de fortes chaleurs, plus ils vont fructifier pour préserver la pérennité de l’espèce.

Un travail titanesque

C’est sur les préconisations de la cellule de recherche de l’ONF, en partenariat avec l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), qu’il est apparu que le chêne pubescent – aussi appelé chêne blanc – avait des capacités d’adaptation particulièrement intéressantes pour repeupler des bois où d’autres espèces n’auraient pas survécu aux changements climatiques. Ce travail titanesque mené ici, servira à repeupler des forêts du Grand-Est et de la Bourgogne-Franche-Comté.

En France en effet, le taux de mortalité des arbres, en volume, a augmenté de 54% entre 2011 et 2021. Paradoxalement, avec 17,1 millions d'hectares forestiers, la forêt française a augmenté de 21 % depuis 1985. Les glands de l'Aveyron y sont peut-être pour quelque chose...

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