7 °C de moins sous les arbres qu'en plein soleil en ville. Les mesures du programme Cooltrees, piloté par l’Inrae, montrent à quel point le feuillage des arbres constitue une véritable carapace absorbante... non négligeable lors de périodes de très fortes chaleurs !
7 °C ! C’est la différence de température entre le plein soleil et sous les arbres, dans une rue classique, bordée de bâtiments et plantée d’arbres de chaque côté. Appréciable lorsque les températures tutoient les 40 °C comme cela a souvent été le cas l’été dernier !
Ces mesures obtenues par le programme Cooltrees, piloté par l’Inrae, montrent à quel point le feuillage des arbres constitue une véritable carapace absorbante : il absorbe les rayonnements directs du soleil, sans stocker cette énergie et sans la redistribuer la nuit. Un effet climatiseur qui permet de rendre les températures plus supportables, sachant que pour l’humain, les chaleurs sont considérées comme confortables jusqu’à 26 °C, modérées de 27 à 32 °C, fortes entre 33 et 38 °C et très fortes à partir de 39 °C.
Cet impact n’est valable que pour des arbres d’une taille respectable : « Pour que ces arbres offrent tout leur potentiel, il faut qu’ils aient atteint l’âge adulte, d’où l’urgence de conserver les arbres existants compatibles avec la vie de la cité et de planter dans de bonnes conditions », conseille Augustin Bonnardot, arboriste-conseil au CAUE77, en prélude à l’étude.
Dans les Alpilles, la sécheresse a fait de 2022 une année dramatique pour les oliviers. Aux Baux-de-Provence, des oléiculteurs aimeraient utiliser les eaux usées (et traitées) à des fins d’irrigation. Une idée qui devra toutefois être testée et autorisée.
Dans les Alpilles, l'année 2022 a été une année noire pour les oliviers. Jusqu'à moins de 70% des récoltes par rapport aux autres années à cause du manque d'eau. Face à ce constat, certains oléiculteurs font le pari de pouvoir se servir des eaux usées après traitement pour irriguer une partie de leur arbres. Aux Baux-de-Provence, ce sont cinq producteurs qui participent à cette expérimentation. "Une autre station d'épuration comme celle de Maussane-les-Alpilles rejette 4000 mètres cube d'eau par jour. Nous, on va prendre ces eaux, dans ce verger. On va mettre quelques centaines d'arbres à disposition de l'expérimentation, pour montrer qu'au final, il n'y aucun impact sur les oliviers", développe l'oléiculteur Jean-Benoît Hugues.
En plus des oliviers, ce test prévu pour le printemps prochain se fera également sur des amandiers. Mais avant cela, il devra être autorisé par la préfecture. L'opération, en plus de l'irrigation de 200 hectares de culture, pourra servir à remplir des citernes en prévision des incendies ou encore à nettoyer les rues et les équipements du territoire.
Seulement 1% des eaux usées sont réutilisées
Dans l'Hexagone, ce sont à peine 1% des eaux usées qui sont réutilisées, contre 14 % en Espagne et 8% en Italie. Malgré cela, des précurseurs français font déjà un usage précieux de cette méthode d'irrigation responsable. Près de Montpellier, un viticulteur irrigue ses pieds de vignes avec des eaux traités depuis cinq ans. "C'est remarquable, en termes de rendement et surtout de qualité", souligne-t-il. L'expérience est pour le moment concluante. "On n'a pas retrouvé d'indicateur pathogène dans le raisin et au niveau fertilisants, on a un apport intéressant pour les agriculteurs", précise un expert.
En prévision des sécheresses futures, la réutilisation des eaux usées, pour les oliviers comme pour le raisin, apparaît comme une solution durable et responsable, sur laquelle les producteurs sont prêts à miser.
L'Aveyron a fourni cette année 80 % de la récolte nationale de glands.
Dans l’objectif de conserver le chêne pubescent pour reconstituer des peuplements dépérissants face aux changements climatiques, une récolte a été organisée entre les mois de septembre et d’octobre dernier sur les communes de l’Hospitalet-du-Larzac, Nant, le Viala-du-Tarn et Montjaux.
L'Aveyron peut faire face à la demande
Ce ne sont pas moins de 32 000 litres de glands qui ont été récoltés sur les 40 000 litres attendus au niveau national. Soit une récolte nationale à 80 % aveyronnaise. Avec quelque 280 000 hectares de forêts, soit plus de 31 % de sa surface, l'Aveyron peut faire face à la demande. "35 ans que je récolte des graines"
Didier Desseaux, technicien forestier de l’ONF, spécialisé dans la récolte de graines forestières, prend sa retraite ce mois-ci et est fier de terminer en beauté : "Cela fait 35 ans que je récolte des graines en tant que maître d’œuvre et on n’a jamais fait de moisson de cette ampleur ! On s’est même trouvé en difficulté face à ces peuplements très fructifères !"
Cette année exceptionnelle s’explique par des conditions climatiques très favorables, notamment au moment de la floraison puis de la fécondation des arbres. Plus les végétaux sont stressés par de fortes chaleurs, plus ils vont fructifier pour préserver la pérennité de l’espèce.
Un travail titanesque
C’est sur les préconisations de la cellule de recherche de l’ONF, en partenariat avec l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), qu’il est apparu que le chêne pubescent – aussi appelé chêne blanc – avait des capacités d’adaptation particulièrement intéressantes pour repeupler des bois où d’autres espèces n’auraient pas survécu aux changements climatiques. Ce travail titanesque mené ici, servira à repeupler des forêts du Grand-Est et de la Bourgogne-Franche-Comté.
En France en effet, le taux de mortalité des arbres, en volume, a augmenté de 54% entre 2011 et 2021. Paradoxalement, avec 17,1 millions d'hectares forestiers, la forêt française a augmenté de 21 % depuis 1985. Les glands de l'Aveyron y sont peut-être pour quelque chose...
Dans un rapport, publié lundi 28 novembre 2022, une coalition de cinq ONG et médias accuse des banques françaises de financer des acteurs de l’agro-industrie brésilienne impliqués dans la déforestation, et ce, malgré leurs engagements environnementaux.
La déforestation en Amazonie brésilienne bat tous les records, avec déjà en 2022, 9 500 km2 de forêt rayés de la carte. Dans la plupart des cas, c'est pour planter du soja pour servir de fourrage aux éleveurs ou pour faire paître des bœufs que la forêt est coupée.
Après avoir épluché plus de 12 000 transactions financières, les ONG accusent dans le rapport plusieurs banques françaises d'alimenter la déforestation en Amazonie brésilienne. Jean-Philippe Foegle, juriste et chargé de plaidoyer de Sherpa, vise en particulier la BNP Paribas, mais aussi le Crédit Agricole, le Groupe Banque Populaire Caisse d'Épargne (BPCE) ou encore la Société Générale : « BNP Paribas est la première banque à investir en Amazonie. Cela se chiffre à 773 millions pour cette année. C'est un investissement en faveur d'acteurs qui produisent, en l'occurrence, du bœuf et qui sont connus pour pratiquer la déforestation. »
Des actions en justice envisagées
Contactée par RFI, la BNP assure avoir pris des engagements stricts pour protéger l'environnement et que cette transformation des pratiques sur le terrain prend du temps.
Mais Jean-Philippe Foegle rappelle que la loi oblige, dès à présent, les entreprises françaises à la vigilance dans leurs activités à l'étranger : « Ce que prévoit le devoir de vigilance et la législation anti-blanchiment, c'est que quand vous avez un soupçon selon lequel l'acteur que vous financez est impliqué dans des activités illégales, vous devez faire en sorte de ne pas financer cet acteur-là. »
Sherpa envisage donc des poursuites judiciaires pour forcer les banques à mettre réellement en œuvre leurs engagements.
Le réchauffement climatique est désormais au cœur des préoccupations de la jeunesse arabe, malgré les multiples défis et difficultés politiques et économiques auxquels elle fait face. Une véritable prise de conscience qui pousse même certains à renoncer à se marier et à avoir des enfants.
“On n’a pas envie de faire venir un enfant dans ce monde en surchauffe.” Voilà l’état d’esprit de Rouwaida Mahmoud, 26 ans, et de Sayed Ali, 35 ans. Ils vivent dans le gouvernorat de Gharbeya, en Égypte [dans le delta du Nil, à une centaine de kilomètres au nord du Caire], après avoir passé les deux premières années de leur vie maritale en Allemagne, pour permettre à Sayed Ali de finir ses études en génie mécanique.
Et c’est là qu’ils ont été surpris par le climat, qui ne correspondait pas du tout à ce qu’ils avaient imaginé. Ce fut un choc pour eux de constater que, même en Europe, il faisait très chaud.
Ils se sont mis alors à beaucoup réfléchir à ce que l’avenir pouvait réserver aux enfants, pour arriver à la conclusion qu’il valait mieux qu’ils repoussent, pour le moment, l’idée d’avoir eux-mêmes des enfants.
Depuis, la question climatique est en tête des préoccupations de Rouwaida. Elle dit vouloir contribuer à limiter la portée des changements climatiques, même si cela implique des sacrifices. Et comme elle a lu que l’augmentation démographique contribuait à aggraver la situation, elle n’aura en tout état de cause pas plus d’un seul enfant.
Sarah, 24 ans, vit au Caire. Diplômée depuis deux ans en gestion, elle envisage de ne pas se marier. Elle voit bien la vie que mène sa mère, qui travaille comme enseignante dans l’école publique mais doit en plus préparer trois repas par jour et s’occuper du ménage : nettoyer, passer le balai, faire la vaisselle, laver le linge…
À cela s’ajoute le souvenir que Sarah garde des moments où sa mère était obligée de gérer les coupures d’eau ou d’électricité, qui se multiplient, elles aussi, sous l’effet des fortes chaleurs, ou au contraire de pluies torrentielles, liées au dérèglement climatique.
“Je suis à bout de forces quand je rentre du travail, surtout si je dois faire le trajet du retour dans une chaleur étouffante, témoigne-t-elle. Imaginez ce que ce serait si j’étais mariée. J’aurais alors les mêmes obligations [domestiques] que ma mère.”
Prise de conscience croissante
Un récent sondage international [réalisé par l’ONG Avaaz] auprès de 10 000 jeunes entre 16 et 25 ans dans 10 pays à travers le monde révèle qu’ils sont 59 % à se sentir très ou extrêmement inquiets du changement climatique, et 45 % à estimer que l’anxiété climatique affecte leur vie quotidienne de manière négative.
Beaucoup de jeunes font aussi état de leur inquiétude face à l’échec des gouvernements à trouver des solutions au problème. Ainsi, 4 jeunes interrogés sur 10 affirment hésiter à avoir des enfants. Dans le monde arabe, le Conseil de la jeunesse arabe pour le changement climatique [Arab Youth Council for Climate Change, AYCCC] estime que les jeunes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sont en première ligne pour ce qui est des conséquences du réchauffement climatique. Mais, ajoute le rapport, ce sont les questions politiques et sociales qui restent pour l’instant leurs principales préoccupations.
Cela étant, la conscience environnementale progresse parmi les jeunes de la région. Une autre étude montre en effet qu’ils attendent plus d’initiatives climatiques et qu’ils voudraient pouvoir y contribuer. À titre d’exemple, 65 % des jeunes Émiratis, par exemple, voudraient que l’on prenne des mesures de protection de l’environnement.
La jeunesse se détourne du mariage
Ahmed Mahrous, 35 ans, habite dans le nord-est du delta du Nil. Lui aussi s’est mis à douter de l’intérêt de se marier et d’avoir des enfants. Directeur d’une chaîne de grands magasins, il désespère à la vue des jeunes couples qui font leurs courses et qui se trouvent confrontés à des prix chaque jour plus exorbitants.
Et d’expliquer que la hausse des températures est l’une des principales raisons de cette inflation. Car fromages, produits laitiers et gâteaux se gâtent en quantité dans les entrepôts, provoquant des pertes qu’il est impossible de compenser autrement que par une augmentation des prix.
Ainsi, le dérèglement climatique se glisse de plus en plus dans la vie quotidienne, avec des conséquences sur les conditions de travail principalement. C’est ce qui se passe pour Mohamed Abdel Qawi, 35 ans, qui travaille sur des chantiers de construction dans une autre ville du nord-est du delta du Nil. Interrogé sur son envie de fonder une famille, il dit ne plus ressentir aucun enthousiasme à cette idée.
Il ne supporte plus les longues heures de travail par grosse chaleur et a dû se résoudre à réduire ses horaires. D’autant que, l’an passé, il a perdu son grand frère, qui travaillait lui aussi dans le bâtiment. Il a subi une insolation, suivie de fièvre pendant une semaine, et il n’y a pas survécu.
Selon Bissent Ismaïl, conseillère conjugale et familiale, une partie de la jeunesse se détourne aujourd’hui du mariage. Et l’une des principales raisons réside dans le dérèglement climatique.
Car, selon elle, après avoir été longtemps ignorée, la crise climatique s’impose désormais dans les faits. Et ses conséquences sont telles qu’on ne peut plus l’ignorer.