Revers pour les mégabassines

Publié le par Notre Terre

C’est une victoire pour les opposants aux mégabassines de Nouvelle-Aquitaine : le tribunal administratif de Poitiers vient d’annuler les projets de quinze d’entre elles, estimant qu’elles compromettraient « la gestion équilibrée et durable de la ressource en eau ».

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Le tribunal administratif de Poitiers a annulé, le 3 octobre, deux arrêtés préfectoraux autorisant la construction de quinze mégabassines. Ces projets visaient à prélever l’eau dans les nappes superficielles en hiver, pour une capacité totale de 3 millions de mètres cubes, afin que les agriculteurs puissent la repomper l’été. Neuf retenues étaient prévues sur le bassin de l’Aume-Couture (sept en Charente et deux dans les Deux-Sèvres) et six sur le sous-bassin de la Pallu (département de la Vienne).

Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines non merci, a déclaré au Monde que cette décision de justice était un « grand soulagement » et « une très bonne nouvelle pour tous ceux qui se battent pour l’eau et contre les mégabassines ». La Confédération paysanne, quant à elle, estime que « le tribunal a suivi notre analyse et celle du rapporteur public qui avait estimé que les prélèvements envisagés pour le remplissage de ces “mégabassines” compromettraient « la gestion équilibrée et durable de la ressource en eau ». L’arrêté du tribunal pointe à la fois le surdimensionnement des projets, le contexte hydrologique local et les effets prévisibles du changement climatique. » La Confédération paysanne de la Vienne fait partie des requérants contre les arrêtés, avec Vienne nature, l’UFC-Que Choisir, la Ligue de Protection des Oiseaux et d’autres organisations.

« Ce jugement pointe clairement que les volumes prévus par ces projets de mégabassines permettraient aux irrigants bénéficiaires de prélever davantage d’eau que les volumes utilisés ces dix dernières années. Il n’y a donc pas de baisse globale des prélèvements, c’est une remise en cause du principe même de substitution, argument utilisé par l’administration et les porteurs de projets pour justifier les mégabassines, » poursuit la Confédération paysanne.

Le mouvement des Soulèvements de la Terre s’est également réjoui : « cette décision qui fera date se base sur ce que nous dénonçons depuis longtemps et nous renforce dans le sentiment que les actions menées ces derniers mois pour arrêter les projets de mégabassines sont absolument légitimes ! Elle nous pousse d’autant plus à faire en sorte que s’arrêtent les chantiers en cours à Priaires, la plastification de Sainte-Soline ou celui annoncé à Épannes. »

Rappelons que, cet automne, les zones concernées par ces retenues sont en grande difficulté face à la sécheresse : le bassin de la Pallu est en crise, soit le niveau maximal d’alerte, tandis que le bassin de l’Aume-Couture est en alerte renforcée (niveau 3), selon le site Propluvia. Une situation qui perdure depuis des années et que le tribunal a bien cernée. Ce dernier ne mâche d’ailleurs pas ses mots, pointant « une erreur manifeste d’appréciation » de la préfecture…

Préfecture qui a d’ores et déjà annoncé qu’elle ferait appel de cette décision, tout comme, a priori, les irriguants porteurs des projets. Mais le tribunal a très clairement précisé que la décision empêchait les travaux, les appels n’ayant pas d’effet suspensif.

Publié dans Les bonnes nouvelles

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