L'Europe atteint 100 GW de capacité éolienne installée
L'Union Européenne vient de dépasser le cap des 100 gigawatts (GW) de puissance installée dans l'énergie éolienne selon European Wind Energy Association (EWEA). Une étape symbolique qui marque le dynamisme de cette filière industrielle, sauf en France.
100 GW d'énergie éolienne[1] c'est l'équivalent de la production de 39 réacteurs nucléaires[2] ou 62 centrales électriques fonctionnant au charbon ou encore 52 centrales électriques fonctionnant au gaz. Cela permet de répondre à la consommation en électricité de 57 millions de foyers ou encore 6,3 % de la consommation européenne, précise l'EWEA.
Fin 2011, avec plus de 29 000 MW, l'Allemagne restait toujours le pays ayant la plus grande capacité de production éolienne installée en Europe, suivi par l'Espagne (21 674 MW), la France (6800 MW), l'Italie (6747 MW) et la Grande-Bretagne (6540 MW).
Il a fallu plus de vingt ans au secteur de l'éolien pour connecter au réseau électrique les premiers 10 GW d'énergie éolienne, alors que seulement 13 ans ont suffi pour connecter les 90 autres dont 50 GW dans les six dernières années.
L'accélération de l'essor de l'éolien en Europe est donc notable.
"Il faudrait brûler 72 millions de tonnes de charbon tous les ans dans des centrales à charbon pour égaler la production éolienne annuelle de l'Europe. Charger cette quantité de charbon dans les trains nécessiterait 750 000 wagons sur une longueur totale de 11 500 kilomètres, soit la distance de Bruxelles à Buenos Aires en Argentine" a déclaré Christian Kjaer, directeur général de l'EWEA.
"Malgré l'utilisation d'une infime fraction des vastes ressources éoliennes en Europe, l'énergie éolienne a un effet notable sur la sécurité énergétique et l'environnement, et ces avantages nous sont bénéfiques dans la création d'emplois verts et de technologies à l'exportation" a ajouté Christian Kjaer.
En France, selon les statistiques du Suivi de production de l'éolien en France, l'énergie éolienne représente une puissance installée de 7 125 MW pour une production annuelle qui dépasse les 10 000 GWh. Une filière qui revendique 11 000 emplois équivalent temps plein et près de 3 milliards d'euro de chiffre d'affaire selon le dernier baromètre des énergies renouvelables électriques en France réalisé par Observ'ER.
Et pourtant, les années 2011 et 2012 n'ont pas été à la hauteur des objectifs français puisque le plan national « Énergies renouvelables » table sur 11 500 MW de capacité installée fin 2012. Un premier rendez-vous raté dans la course aux 25 000 MW (19 000 MW terrestres et 6 000 en mer) d'électricité d'origine éolienne totale qui devront être installés d'ici à 2020. Cela devrait représenter 10 % de la production nationale d'électricité et 60 000 emplois.
Installations quasi inexistantes, projets qui piétinent... l'Ile-de-France fait pâle figure avec seulement 6 MW installés alors que les régions voisines comme la Picardie et la Champagne-Ardenne possèdent respectivement 919 MW et 980 MW.
"On ne compte que trois grandes éoliennes sur l'ensemble de l'Ile-de-France", soupire Vincent Masureel, directeur du développement chez Nordex et Délégué régional de France Energie Eolienne (FEE). Implantées à Pussay (Essonne), les trois éoliennes, gérées par le groupe Theolia, font partie d'un parc de 16 éoliennes inauguré en mai 2011, à cheval sur l'Ile-de-France et l'Eure-et-Loire. De quoi produire l'équivalent de la consommation électrique de 42 000 habitants.
Les lourdeurs administratives, l'incertitude sur le tarif d'achat et les réticences des riverains sont les premiers freins à l'installation d'éolienne en France. Heureusement, les professionnels de l'éolien regroupés sous l'association France Energie Eolienne reprennent "quelques espoirs après le vote par l'Assemblée nationale de mesures de simplification pour la filière", comme la suppression des Zones de Développement de l'Eolien (ZDE) et la levée de l'obligation d'installer des parcs éoliens d'au moins 5 machines.