Le tourisme responsable n'est pas encore assez glamour
Le développement durable peine à faire sourire les vacanciers. Le changement de mentalité est en marche...
Tourisme durable, écotourisme, tourisme équitable… les appellations sont nombreuses. En France, les professionnels parlent de tourisme responsable. Un mot lourd pour des vacanciers qui cherchent à se vider l’esprit loin de chez eux. Ainsi, même si 83% des Français sont prêts à choisir en priorité une agence de voyage qui a une démarche responsable, le tourisme responsable –qui pèse moins de 5% du secteur- cherche à faire peau neuve.
«Il y a des stéréotypes en France, le tourisme durable connaît un chamboulement au niveau marketing, affirme Guillaume Cromer, directeur du cabinet d’ID Tourisme. Il faut retrouver le vrai sens du voyage, au moment où l’impact du tourisme sur l’environnement est pointé du doigt.» En France, les déplacements touristiques représentent environ 30 millions de tonnes de CO2 par an et génèrent 4,8 millions de tonnes de déchets annuels.
Allier plaisir et développement durable
Au-delà de cette sensibilisation, le tourisme durable se veut ouvert à tous. Pour vendre, le développement durable doit s’intégrer à tous les segments du secteur. «Il y a une mauvaise habitude à vouloir créer une catégorie nouvelle», explique Guillaume Cromer. Les acteurs du tourisme entendent lutter contre les idées reçues, notamment le fait que le tourisme responsable est «plus cher et moins confortable ou encore qu’il est clivant», explique Eleanor Peek, fondatrice de la startup française greenspot.me, première plateforme (en cours de lancement) liant organisation de vos vacances et développement durable.
Le mot d’ordre sera dorénavant de réussir à «allier plaisir et développement durable», détaille-t-elle. Pour abattre ces barrières, il faudrait «factualiser le discours et faciliter l’accès à l’information aux touristes afin qu’ils fassent le bon choix». Et pourquoi pas ainsi, avec une nouvelle génération d’entrepreneurs français.
Il y en a pour tous les prix et pour tous les goûts
Mais aujourd’hui, avec la crise, «la réduction du pouvoir d’achat est un frein au bio, qui est souvent lui-même un argument pour vendre plus cher. Nous devons montrer une autre philosophie», assume l’entrepreneuse. Mais il n’est pas question de moraliser. «Il ne s’agit pas d’être alarmiste mais au contraire montrer qu’il y en a pour tous les prix et pour tous les goûts».
Surtout, ce tourisme impacte l’économie locale. En effet, «les touristes veulent renouer avec des produits locaux, c’est une tendance des urbains vers la campagne, essentiellement des CSP+», reprend Guillaume Cromer. Il se rapproche du «tourisme déconnecté» qui valorise les régions. «Il permet une redécouverte du patrimoine», explique Jean-Luc Michaud, président délégué de l’Institut français du tourisme. Une vraie dynamique locale en pleine crise économique.
Les régions préparent l’avenir
Et la France peut s’appuyer sur ses régions pour son développement, et notamment la Bretagne, la plus engagée, qui dispose même du label international «green globe», un sésame du genre. Derrière, l’Auvergne mais aussi Paris font bonne figure parmi les places fortes du tourisme durable.
Plus que les touristes, c’est surtout les professionnels qui doivent optimiser leurs ressources énergétiques et faire attention aux critères qui progressent, afin notamment de décrocher un des nombreux écolabels à faire valoir auprès des consommateurs. «Tout cela a un coût qui se répercute sur le client pour le moment», affirme Jean-Luc Michaud, rappelant que si tout n’est pas encore vert dans le tourisme responsable, ce dernier reste un pari à long terme. Toutefois, 56% des Français sont déjà prêts à payer plus cher pour une destination écologique.