Solaire et éolien attendent un peu d'air de la conférence environnementale
Les filières françaises du solaire et de l'éolien, au bord de l'asphyxie, attendent avec impatience la conférence environnementale de la fin de semaine pour découvrir le menu des mesures de soutien d'urgence promises par la ministre de l'Ecologie Delphine Batho.
"Il y a des mesures possibles en peu de temps. Cela permettrait aux entreprises d'être encore vivantes avant la fin du débat sur l'énergie de 2013", plaide Jean-Louis Bal, président du Syndicat des Energies Renouvelables (SER), seul représentant des filières figurant sur la liste des invités.
La situation est particulièrement grave pour le photovoltaïque, victime de la conjonction des effets de la crise, de la concurrence chinoise soupçonnée de dumping par les Occidentaux ainsi que des réguliers tours de vis donnés aux subventions françaises depuis fin 2010.
"On estimait à 25.000 personnes les effectifs de la filière en 2010. Si on est encore à la moitié, c'est bien", s'alarme Thierry Mueth, le président du Syndicat des professionnels de l'énergie solaire (Enerplan). "Il faut pouvoir travailler en France. Et globalement, ce n'est plus possible".
Tous les trois mois, les tarifs subventionnés auxquels EDF rachète toute l'électricité solaire française baissent de quelque 10%. Un recul que le SER propose dorénavant de limiter à 10% par an et non par trimestre.
Autres propositions du secteur: relever de 100 à 250 kilowatts le seuil nécessaire pour bénéficier des tarifs d'achat subventionnés, et revoir à la hausse certains tarifs, seuls ceux des particuliers étant considérés comme satisfaisants.
Pour le SER, il faut aussi publier enfin l'arrêté dopant de 10% le prix de l'électricité solaire produite avec des panneaux européens, une mesure décidée par le précédent gouvernement pour contrer la concurrence chinoise mais toujours pas appliquée.
Eolien: un 2e appel d'offres dès ce week-end?
Mais la concurrence féroce et la chute des prix signifient aussi que le solaire devient de plus en plus compétitif: il devrait atteindre "la parité réseau" (un prix égal à la moyenne de l'électricité) avant la fin du mandat de François Hollande, selon M. Mueth.
Et l'éolien? Jusqu'ici plutôt mieux portant, il a vu sa situation se dégrader ces derniers mois, un coup de frein qui s'est traduit par une chute de 58% des raccordements au premier semestre.
Motif de satisfaction, des industriels pensent déjà avoir obtenu gain de cause sur le deuxième appel d'offres pour l'éolien en mer.
Initialement attendu d'ici la fin de l'année, il devrait être annoncé dès ce week-end et inclure deux grands parcs supplémentaires au large du Tréport (Seine-Maritime) et Noirmoutier (Vendée), croit savoir une source industrielle.
Interrogé par l'AFP, le ministère de l'Ecologie n'a pas voulu faire de commentaires.
Mais les plus grandes inquiétudes viennent de la situation de l'éolien sur terre, particulièrement Outre-mer.
Mme Batho se rendait mercredi près d'Orléans au siège de Vergnet, pionnier français de l'éolien et très dépendant des Antilles et de la Réunion. Fin juillet, le groupe s'est dit "en situation financière très difficile".
En cause, la loi Littoral qui impose que les éoliennes bordant les côtes soient près de zones déjà construites, alors même que la loi Grenelle 2 interdit elle toute éolienne à moins de 500 mètres d'une habitation.
"Du coup, tout est bloqué sur le littoral et dans les DOM", déplore M. Bal.
Autres assouplissements administratifs réclamés par le SER: fusionner diverses procédures administratives avec le permis de construire (un projet éolien met en moyenne huit ans à être terminé, selon le SER), et réduire de cinq à trois le nombre minimal d'éoliennes par parc.