La qualité de l'air en ville s'est améliorée ces dernières années
Une étude qui vient d'être primée souligne une amélioration de la qualité de l'air en ville par rapport à 1998. Comparant différentes modes de locomotion, elle indique également que c'est en voiture que l'on est le plus exposé aux polluants…
Mais si, on respire mieux en ville qu’il y a dix ans. Primée par le Predit (Programme de recherche et d’innovation dans les transports terrestres) le 12 mai dernier, une étude du laboratoire central de la préfecture de police de Paris (LCPP), du laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris et de la RATP démontre «une baisse de certains polluants (monoxyde de carbone, benzene et toluène) de l’ordre de 75% à 90% entre 1998 et 2008», résume Claudine Delaunay, adjointe au chef du pôle environnement au LCPP.
Une baisse qui fait «suite aux normes Euro limitant les émissions de polluants des véhicules neufs (hydrocarbures, CO, NOx et particules)», dixit l’étude. Des données qui seront certainement prises en compte par les huit agglomérations françaises devant présenter pour juillet leur projet de Zapa (zone d’action prioritaire pour l’air), un périmètre où la circulation de certains véhicules sera limitée voire interdite à partir de 2012.
L’étude, intitulée «Evaluation de l’exposition des citadins aux polluants atmosphériques au cours de leurs déplacements dans l’agglomération parisienne», révèle aussi que c’est en voiture que le citadin est le plus exposé à la pollution. «Plus particulièrement pour le dioxyde d’azote (NO2), le benzène, le toluène, le monoxyde de carbone (CO) et l’indice de carbone suie», souligne Claudine Delaunay.
«Aux heures de pointe, le niveau médian de NO2 présent dans l’habitacle d’une voiture roulant dans Paris est de 130 µg/m3, de 150 µg/m3 sur autoroute et il atteint 218µg/m3 sur le boulevard périphérique. Les niveaux médians de benzène sont de 10µg/m3 sur le périphérique et de 6 à 8 µg/m3 sur les autres trajets. Pour le toluène, les valeurs varient entre 28 et 39 µg/m3 quel que soit le trajet. L’indice de carbone suie, mesuré par le coefficient d’absorption des filtres sur lesquels ont été collectées les PM 2,5 (particules fines), est également particulièrement élevé sur le périphérique.» Seul le CO présente des niveaux faibles (valeurs médianes entre 1,7 et 3,3 ppm). <<< Retrouvez les valeurs réglementaires des polluants dans l'air ambiant ici
Les piétons les moins exposés
Dans les rames de métros et dans le RER, les niveaux des polluants gazeux «sont globalement faibles sauf pour l’acétone, dont les teneurs (19 à 28 µg/m3) traduisent la densité d’occupation des rames aux heures de pointe». En revanche, la pollution atmosphérique aux particules y est beaucoup plus élevée. «Particulièrement sur les lignes de métro 1 et 14 et sur le RER A, c’est-à-dire sur les lignes souterraines qui ont été évaluées», note Claudine Delaunay. «Ces particules sont en effet émises par le matériel roulant en phase de freinage et elles restent confinées dans les tunnels». Les teneurs médianes sur ces lignes sont comprises entre 119 et 155 µg/m3 et les maxima atteignent 311 µg/m3 sur le RERA.
«L’exposition à vélo est généralement intermédiaire pour tous les polluants. La configuration “à l’air libre” dans laquelle se trouve le cycliste conduit à une diminution assez nette de la plupart des polluants. L’exposition des passagers du bus est souvent intermédiaire entre celles de l’automobiliste et du cycliste. Le piéton marchant dans le quartier piétonnier et l’usager du tramway sont les moins exposés, tous polluants confondus (hormis acétone et formaldéhyde s’agissant des passagers du tramway). Les piétons empruntant les autres itinéraires et les cyclistes subissent des niveaux d’exposition intermédiaires.»
Cette étude va faire l’objet d’enquêtes plus approfondies, notamment de la RATP, qui veut creuser les résultats obtenus dans les bus. «Un bilan global pour les cyclistes est également en cours, explique Claudine Delaunay. L’inhalation des polluants dépend effectivement du temps d’exposition ainsi que du débit ventilatoire de la personne qui, du fait de l’effort physique développé, est plus important pour le cycliste que pour les autres modes de locomotion».
Il y aurait en Europe 350.000 décès prématurés par an dus à la pollution atmosphérique, dont 42.000 en France. Elle serait responsable d’une perte de 8,2 mois d’espérance de vie, et génèrerait un coût de 32 milliards d’euros de frais de santé par an.