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Ces projets coûteux et polémiques qui bétonnent la France et L’Europe

Publié le par Gerome

Les grands projets ne connaissent pas l’austérité : un stade à 600 millions d’euros, une autoroute à 2 milliards, une gare à 4 milliards, une centrale nucléaire à 6 milliards, un tunnel à 8 milliards, un parc de loisirs à 26 milliards… De Nantes à Moscou en passant par les Alpes ou Berlin, tour d’horizon de ces chantiers pharaoniques jugés inutiles.

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L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

- Lieu : Nantes, France
- Coût : 600 millions d’euros pour la collectivité
- Bénéficiaire : Vinci

Prévu au nord-ouest de Nantes depuis quarante ans, le futur aéroport international du Grand-Ouest est ressorti des cartons dans les années 2000, sous le gouvernement Jospin. Il a été déclaré d’utilité publique en février 2008. Deux ans plus tard, l’État en confie la construction et la gestion (pour cinquante-cinq ans) au groupe de BTP Vinci, qui vante les aspects écologiques de son aéroport… Uneétude économique indépendante publiée en novembre 2011 chiffre son coût pour la collectivité à 600 millions d’euros. Outre cet impact financier, les opposants à l’aéroport (réunis au sein de l’Acipa) dénoncent la destruction de terres agricoles (44 exploitations seraient impactées, dont 5 ayant leur siège dans la zone destinée à être bétonnée). L’actuel Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ancien député-maire de Nantes, est un farouche défenseur de ce projet, auquel sont opposés les membres d’Europe Écologie-Les Verts…

Le chantier de l’EPR

- Lieu : Flamanville, France
- Coût : 6 milliards d’euros
- Bénéficiaire : Areva, EDF

Le réacteur pressurisé européen (EPR) a été conçu et développé par Areva. Objectif : améliorer la sûreté et la rentabilité économique. Selon les opposants à l’EPR, ce type de réacteur est encore plus dangereux que les précédents, en raison de sa puissance et du combustible utilisé : le MOX, un mélange d’oxydes de plutonium et d’uranium. L’EPR, c’est aussi un gouffre financier. Les diverses malfaçons enregistrées sur le chantier de Flamanville en Normandie ont multiplié la note par deux, pour atteindre 6 milliards d’euros. Pour l’instant… Idem à Olkiluoto, en Finlande. Deux autres EPR sont actuellement en construction en Chine. Pour le collectif Stop EPR, les problèmes rencontrés au moment de la construction « pourraient avoir des conséquences graves en cas de situation accidentelle ». Une étude menée par les 7 vents du Cotentin montre qu’avec 3 milliards d’euros (la somme de départ investie dans l’EPR), on aurait pu pourvoir aux mêmes besoins énergétiques, développer des sources d’énergie locales, respectueuses de l’environnement, et créer des emplois au moins 15 fois plus nombreux et mieux répartis sur l’ensemble du territoire.

Le stade de l’OL Land

- Lieu : Décines-Charpieu (est de Lyon), France
- Coût : 
450 millions d’euros
- Bénéficiaire : OL Group, Vinci

« L’OL Land » est un projet pharaonique concocté par Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique lyonnais, en vue de l’Euro 2016. Au menu pour 450 millions d’euros : un nouveau stade de 60 000 places, un centre d’entraînement, les bureaux du siège de l’OL Groupe, une boutique OL Stade, 7 000 places de stationnement, 8 000 m2 d’immeubles de bureaux, deux hôtels de luxe… Le tout à 15 km du centre de Lyon. L’OL Groupe a sélectionné Vinci pour construire son grand stade. Mais depuis l’annonce du projet en 2007, le chantier n’a toujours pas démarré. Incapable de boucler son plan de financement, qui nécessite au minimum 200 millions d’euros de fonds publics, l’OL Groupe est accusé de spéculations immobilières. La Foncière du Montout, propriétaire des terrains et dont l’OL est actionnaire majoritaire, vaudrait maintenant 200 millions d’euros pour des terrains acquis 22 millions d’euros ! L’OL Groupe se heurte également à la multiplication des recours déposés par les associations locales qui défendent la trentaine de paysans menacés d’expropriation. Depuis mai 2012, un campement a été installé sur le tracé du chantier. Le 26 juin dernier, le rapporteur public a requis devant le tribunal administratif l’invalidation de la déclaration d’intérêt général du stade. Si la demande est suivie, elle pourrait conduire à l’arrêt des expropriations (Lire notre enquête).

Le grand stade de la Fédération française de rugby

- Lieu : Évry Centre-Essonne, France
- Coût : 
600 millions d’euros

La Fédération française de rugby (FFR) ambitionne de devenir propriétaire de son propre stade d’ici à 2017 pour y faire jouer le XV tricolore. Le coût de cet équipement de 82 000 places, doté d’un toit rétractable et d’une pelouse amovible, est estimé à 600 millions d’euros. La FFR assure « autofinancer » ce nouveau stade, mais compte néanmoins sur les collectivités locales pour se porter garantes des 450 millions d’euros d’emprunt nécessaires… et financer en prime les aménagements locaux autour du stade. Si le stade de la FFR voit le jour à Évry Centre-Essonne, à 25 km au sud de Paris, il pourrait déstabiliser l’économie de toutes les autres enceintes de la région (Stade de France, Racing 92, Stade français, Charléty et Parc des princes). Aménagement régional déséquilibré, utilité sociale douteuse, risques budgétaires élevés… L’inflation de stades de rugby inquiète aussi directement dans les territoires concernés. En l’absence de stratégie globale coordonnée, l’Île-de-France pourrait se transformer en cimetière « d’éléphants blancs », vastes équipements de rugby construits sans garanties pour l’avenir. Des paris inquiétants alors que les budgets publics pour l’accès au sport pour tous sont menacés (Lire notre enquête).

Une ligne de train grande vitesse entre Lyon et Turin

- Lieu : Vallées de Suse, Alpes (France, Italie)
- Coût : 
8,5 milliards d’euros pour la partie internationale, 7 milliards d’euros pour les aménagements côté français.
- Bénéficiaires : Réseau ferré de France, Réseau ferré d’Italie

Le projet de ligne ferroviaire entre Lyon et Turin, dont le percement d’un tunnel de 52 km sous les Alpes, est confirmé par un accord franco-italien signé le 30 janvier 2012. Les opposants à la TAV (« treno alta velocità », train à grande vitesse en italien) regrettent l’absence de véritable débat public sur l’utilité de ce projet pharaonique. Et préfèrent la modernisation de la ligne « historique », qui relie déjà les deux métropoles [1] Pour les promoteurs du projet, les capacités de la ligne existante seraient trop limitées. Les « pro-TAV » tablent sur 3,5 millions de voyageurs par an. D’autres estimations, reprises par les No-Tav n’en prévoient pas plus de 500 000, soit l’équivalent de deux allers-retours TGV par jour. Sans compter les nuisances d’un tel chantier : « C’est l’équivalent de 12 pyra­mi­des de Khéops qu’il faudra dépla­cer et sto­cker en Maurienne, Belledonne et dans le Sillon alpin ! Cela repré­sente à peu près 460 camions-bennes tous les jours, pen­dant quinze ans », illustre le Collectif No-TAV Savoie. 18 millions de m3 de déblais qui pourraient en plus contenir des poussières d’uranium et d’amiante présents dans la roche.

Le parc de loisirs espagnol Eurovegas

- Lieu : Barcelone ou Madrid, Espagne
- Coût : 26,6 milliards d’euros d’euros
- Bénéficiaire : Las Vegas Sands

Sheldon Adelson, 16e fortune mondiale, prévoit de construire à Madrid ou à Barcelone un immense complexe de loisirs : 12 hôtels de villégiature de 3 000 chambres chacun, incluant casinos ou terrains de golf, pour un investissement total de 26,6 milliards d’euros. Avec, à la clé, la promesse de 164 000 emplois directs et 97 000 indirects. En échange, le milliardaire demande une remise en cause du droit du travail, la révision de la loi sur le droit des étrangers, ou encore l’exonération de cotisations à la Sécurité sociale pendant deux ans… Deux collectifs, Eurovegas No à Madrid et Aturem Eurovegas à Barcelone ont décidé d’informer les citoyens sur l’impact social, économique et urbanistique du projet du magnat de Las Vegas. D’après un rapport qu’ils ont récemment publié, l’investissement public pourrait s’envoler de 950 millions à 2,5 milliards d’euros ! En plus du financement de 60 % des coûts de formation des employés, Sheldon Adelson demande aussi la construction d’une station de métro qui débouche dans le complexe, la construction de nouvelles sorties d’autoroute pour faciliter l’accès au casino et un héliport. Au fait, quelqu’un a-t-il entendu parler d’austérité ? (Lire notre enquête)

La gare souterraine Stuttgart 21

- Lieu : Stuttgart, Allemagne
- Coût : 4,3 milliards d’euros
- Bénéficiaire : Deutsche Bahn

Lancé par la Deutsche Bahn l’année de sa privatisation, en 1994, Stuttgart 21 prévoit la démolition d’une partie de la gare actuelle de cette ville du sud de l’Allemagne, la construction d’une nouvelle gare souterraine au même endroit et de 57 km de trajet de ligne à grande vitesse vers Ulm. Pour les opposants à Stuttgart 21, la nouvelle gare n’apportera rien à la ville, déjà desservie par plusieurs lignes à grande vitesse, vers Paris, Amsterdam, Berlin ou Zurich. Ils contestent la disproportion du projet, son coût élevé pour les collectivités et surtout le manque de transparence qui l’a accompagné depuis son lancement, tant de la part de la Deutsche Bahn que de la municipalité. Celle-ci a rejeté en 2007 une demande de référendum local sur le sujet. De 3 milliards d’euros envisagés en 2009, le projet est passé à 4,3 milliards aujourd’hui (pour le seul volet ferroviaire), dont seulement 1,4 milliard payé par la Deutsche Bahn. Le reste vient des pouvoirs publics. L’hostilité des Verts au projet a porté les écologistes au pouvoir dans le Land au printemps 2011, après soixante ans de règne conservateur. Mais le référendum organisé en novembre dernier par la nouvelle équipe a donné une majorité (58 %) pour la poursuite de Stuttgart 21.

Le 4e aéroport de Berlin

- Lieu : Berlin, Allemagne
- Coût : au moins 1,2 milliards d’euros

Le projet de construire un nouvel aéroport international pour la capitale allemande réunifiée est acté depuis 1996 entre la ville et la société aéroportuaire. Pourtant, la ville compte déjà trois aéroports. Qui ont le tort de ne pas proposer de longs courriers. Impossible aujourd’hui de voler directement de Berlin vers New York, Sydney ou Johannesburg. Les deux aéroports de la ville desservent en revanche toute l’Europe, la Russie, la Turquie et le Proche-Orient. L’Allemagne compte déjà deux grands aéroports internationaux, à Francfort, la capitale financière, et à Munich. Prévue le 3 juin dernier, l’ouverture du nouvel aéroport a été reportée à… mars 2013. Pour l’instant. En cause : les travaux de sécurité incendie, qui ne sont pas du tout terminés. Coût du retard : 580 millions d’euros supplémentaires pour la ville-État aux finances déjà très fragiles, auxquels il faut ajouter 600 millions pour les mesures de protection des riverains contre le bruit, que la société aéroportuaire n’avait pas prises avant qu’un tribunal ne l’y oblige, en juin.

L’autoroute de la forêt de Khimki

- Lieu : Moscou, Russie
- Coût : 1,8 milliard d’€
- Bénéficiaire : Vinci

Vinci 2 ! Notre géant national prévoit de construire un segment d’autoroute de 15 km à travers la forêt de Khimki, poumon vert de la Moscou, qui abrite, sur près de 1 000 hectares, une biodiversité unique au monde. Pour un chantier estimé à 1,8 milliard d’euros, le groupe français prévoit une rente annuelle de 700 millions d’euros de péage. Malgré les violences et les arrestations arbitraires, la lutte menée par la dynamique Evgenia Chirikova est très populaire en Russie. 66 % de la population serait opposée au projet autoroutier, d’autant que 11 tracés alternatifs ont été proposés par des experts indépendants. Le « Khimki Forest Movement » s’attaque également à la corruption. Selon une ONG russe, le coût de construction d’une autoroute reviendrait à 237 millions de dollars par kilomètre chez eux, alors qu’il n’en coûterait que 6 millions de dollars aux États-Unis !

+ d’infos

Un Forum européen contre les grands projets inutiles imposés s’est tenu à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, des 7 au 11 juillet 2012 : pour consulter le programme.

 


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Le stockage de l'électricité, véritable enjeu des énergies renouvelables

Publié le par Gerome

Sur l'île de La Réunion, quand le soleil est au zénith, les champs de panneaux photovoltaïques fournissent jusqu'à 30 % de la demande d'électricité. Impossible d'aller au-delà : un arrêté du 23 avril 2008 a fixé ce plafond pour les énergies intermittentes, solaire et éolien. Car que survienne un passage nuageux ou une saute de vent et la production chute brutalement, menaçant de déstabiliser le réseau.

 

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L'exemple réunionnais illustre le rôle crucial qu'est appelé à jouer le stockage de l'énergie dans l'essor des filières renouvelables. Au moment où la France se prépare à tenir un débat national sur la transition énergétique, cette question est, avec celle de la réduction des coûts, l'une des clés, ou plutôt l'un des verrous sur lesquels travaillent électriciens et chercheurs.


EXPLOITER TOUT LE "JUS"


L'enjeu n'est pas seulement de mieux gérer le réseau en lissant pics et creux de production. Il est aussi d'exploiter tout le "jus" que peuvent livrer les fermes solaires et éoliennes lorsqu'elles fonctionnent à plein rendement, en emmagasinant le courant non consommé pour le restituer à la demande, quand le soir tombe ou quand le vent faiblit.


Des systèmes de stockage sont également nécessaires pour les sites isolés, comme les îles ou les villages de montagne non raccordés au réseau. Il en faudra aussi pour accompagner le développement du parc de véhicules électriques ou hybrides : sans réserves mobilisables à volonté, aucun réseau de distribution ne supporterait le choc de millions de véhicules se rechargeant au même moment, le plein d'une batterie consommant à peu près autant d'électricité qu'une maison.


Le stockage de l'énergie se pratiqueen réalité de longue date, grâce aux barrages hydrauliques et aux stations de transfert d'énergie par pompage (STEP), formées de deux réservoirs d'altitude différente, entre lesquels l'eau est pompée lors des périodes de faible consommation, pour être relâchée vers une turbine lors des périodes de forte demande.

En France, EDF exploite une trentaine de stations de ce type, dont six de grand gabarit dans les Alpes, les Ardennes et le Massif central, la plus importante étant celle de Grand'Maison, en Isère. "La puissance disponible est d'environ 5 gigawatts (GW) et il est possible d'installer 2 ou 3 GW supplémentaires", indique Jean-François Astolfi, directeur de la production hydraulique.


CONTRAINTES FONCIÈRES


EDF a dans ses cartons plusieurs projets de nouvelles STEP. L'une des pistes explorées est celle de stations côtières alimentées par de l'eau de mer, comme il en existe déjà sur l'île d'Okinawa, au Japon, et comme il en est envisagé en Guadeloupe, sur le site de Petit-Canal, déjà équipé d'un parc éolien et photovoltaïque.

Toutefois, le développement de ces installations est limité par les contraintes foncières ou environnementales. "L'hydraulique doit trouver sa place dans les différents usages de l'eau, qui ne peut être confisquée aux seules fins énergétiques", observe Jean-François Astolfi. Si, sur le papier, les massifs montagneux ou le littoral de la Manche se prêtent à merveille à la construction de STEP, on imagine mal une station de pompage-turbinage accrochée à un lac de la Vanoise ou aux falaises d'Etretat... En outre, ces systèmes de grande puissance sont mal adaptés à la desserte de sites non raccordés au réseau.


D'où la recherche d'autres solutions de stockage. A commencer par les batteries, semblables à celles qui alimentent les appareils électroniques, la taille exceptée : il s'agit ici d'accumulateurs géants, de plusieurs mètres cubes, qui peuvent être disposés en série.

La Réunion est pionnière dans ce domaine : depuis fin 2009, elle teste à Saint-André, dans le nord-est de l'île, une batterie de grande capacité (1 mégawatt) sans équivalent en Europe. Ce n'est qu'un début : les derniers appels d'offres lancés par la Commission de régulation de l'énergie, pour la construction de fermes solaires et éoliennes dans les territoires d'outre-mer et en Corse, prévoient tous des systèmes de stockage.


D'autres technologies sont étudiées : air comprimé, volants d'inertie, stockage thermique ou thermochimique, supercondensateurs... L'hydrogène (obtenu par électrolyse de l'eau puis reconverti en électricité dans une pile à combustible) est aussi une voie prometteuse, expérimentée depuis quelques mois en Corse, près d'Ajaccio.

"Les besoins de stockage vont fortement augmenter dans les années à venir", est convaincue Hélène Burlet, responsable scientifique du Laboratoire d'innovation pour les technologies des énergies nouvelles (Liten) au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). "Des solutions sont déjà disponibles, d'autres sont en développement. Mais toutes restent chères et nécessitent encore des recherches", ajoute-t-elle.


LABORATOIRES GRANDEUR NATURE


Les régions insulaires constituent, à cet égard, des laboratoires grandeur nature. "Elles préfigurent le paysage énergétique du territoire métropolitain dans les prochaines décennies", estime Stéphane Lascaud, chef de projet sur la gestion de l'intermittence à EDF.

Le dernier "bilan prévisionnel", publié en septembre, du gestionnaire du réseau de transport d'électricité français (RTE) fait l'hypothèse, dans un scénario de "réduction significative de la capacité nucléaire en France", d'un parc d'énergies renouvelables de 40 GW pour l'éolien et 30 GW pour le photovoltaïque, à l'horizon 2030. Soit respectivement 6 et 9 fois le potentiel actuel.


Tout dépendra bien sûr du cap que fixera la loi de programmation sur l'énergie annoncée pour juillet 2013. Mais, dans tous les cas, il y faudra des capacités de stockage à grande échelle.

 

 


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L’industrie forestière au Kenya coûte quatre fois plus chère que ce qu’elle Rapporte

Publié le par Gerome

Selon une étude publiée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement(PNUE) et le gouvernement du Kenya, les coûts économiques engendrés par la déforestation au Kenya sont quatre fois supérieurs aux gains que rapporte l’exploitation forestière dans ce même pays.

 

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« La déforestation a privé l’économie kenyane de 68 millions de dollars en 2010 et de 77 millions en 2009, ce qui dépasse de loin les 15 millions de dollars de revenus par an que rapporte l’exploitation forestière », a indiqué l’agence onusienne dans un communiqué de presse.

L’importance économique des cinq principales forêts du Kenya, surnommées les « tours d’eau » puisqu’elles capturent les précipitations pendant la saison des pluies, assurant le flux d’eau pendant les périodes sèches, est évaluée dans l’étude intitulée The Role and Contribution of Montane Forests and Related Ecosystem Services to the Kenyan Economy.



Dans ses commentaires sur l’étude, le Directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner, a reconnu le travail de réhabilitation entrepris par le gouvernement kenyan dans la forêt de Mau, l’une des cinq « tours d’eau ». « Le Kenya montre aujourd’hui sa détermination à se placer parmi les pays pionniers qui placent la préservation des richesses naturelles au cœur de leurs ambitions en matière de développement durable« , a déclaré M. Steiner.

« Les conclusions de ce rapport sont basées sur les méthodes d’analyses les plus reconnues au monde et les données environnementales et économiques les plus récentes. C’est une étude innovante qui contribue à inspirer de plus en plus de nations africaines à choisir une transition vers une économie verte inclusive« , s’est-il félicité.



La publication de l’étude coïncide avec le lancement du « dialogue national du Kenya sur les tours d’eau, les forêts et l’économie verte ». Elle montre que ces cinq forêts apportent plus de 75% de l’eau de surface renouvelable du pays et alimentent ainsi les rivières et lacs avec plus de 15 800 millions de mètres cubes d’eau de pluie par an.

Cependant, la déforestation est en augmentation à cause de l’abattage d’arbres, de la production de charbon de bois et de l’aménagement des sols pour les cultures et pâturages.

« Entre 2000 et 2010, la déforestation a fait disparaitre près de 28 427 hectares des cinq « tours d’eau », ce qui a conduit à une diminution de la disponibilité d’eau de pluie de près de 62 millions de mètres cubes par an », a indiqué le PNUE.

Le Kenya étant particulièrement vulnérable à la pénurie d’eau, cette situation a mené à une flambée de l’inflation de 10% à trois reprises, entre 2000 et 2010, à cause de la sécheresse, de l’augmentation du prix du pétrole brut et des taux d’échange défavorables.



« Le bois et le charbon de bois restent la principale source d’énergie pour la population au Kenya, soit 75%, et l’industrie forestière crée des emplois, à la fois dans le secteur formel et dans le secteur informel, particulièrement en zones rurales », a expliqué le PNUE.

Cependant, a ajouté l’agence onusienne, cette activité « encourage la déforestation illégale et crée d’énormes dégâts par la perte des effets régulateurs des forêts ». L’effet cumulé négatif de la déforestation sur l’économie kenyane a été estimée à 42,1 millions de dollars par an, ce qui représente plus de quatre fois le revenu de la déforestation.

 

 


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L'Afrique à la 2e place du classement mondial de la déforestation

Publié le par Gerome

C'est ce qui ressort des études dévoilées lors du 8e Forum de Développement de l'Afrique, à Addis Abeba, en Ethiopie, avec un total de près de 3,4 millions d'hectares de forêts perdues chaque année entre 2000 et 2010. 

 

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L’exploitation commerciale des forêts est la deuxième cause de déforestation 

en Afrique, menaçant l’existence des forêts autochtones du continent 
et, parfois, sa stabilité politique.

Une situation préoccupante 

Malgré le rôle crucial joué par les forêts dans le développement socio-économique de l'Afrique et dans son développement durable, le taux élevé de déforestation sur le continent est une source de forte préoccupation. 

La majorité des forêts africaines sont menacées par le défrichement, qu'il soit dû à l'agriculture, au peuplement, aux coupes illégales, à l'extraction de bois comme combustible ou à la production de charbon de bois. 

Des imbroglios politiques, juridiques, institutionnels, techniques et économiques entravent une application plus ample des principes de gestion durable des forêts dans la région. C'est ce que soulignent les inspecteurs qui suggèrent que des mesures soient prises pour assurer la gestion et la valorisation durables des forêts en Afrique. 

Des plans d'action à mettre en place 

La prise de conscience croissante des problèmes environnementaux et des changements climatiques, ainsi que de leur impact sur l'homme, sur la croissance économique et sur le viabilité des écosystèmes, a rendu le grand public plus attentif aux fonctions essentielles des forêts et aux effets néfastes de la déforestation. 

C'est dans ce contexte qu'ont surgis des plans concernant les changements climatiques et la réduction des émissions causées par la déforestation et par la dégradation des forêts dans les pays en développement (REDD). Pour les inspecteurs, les défis consistent à explorer les possibilités offertes par le REDD et par la transition vers une économie verte. 

En marge de la réunion biennale de la Commission Economique pour l'Afrique (CEA), le Forum pour le Développement de l'Afrique est un cadre de débats et de discussions qui vise à lancer des stratégies concrètes en faveur du développement de l'Afrique.

 

 


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