Biodiversité : la planète n'a presque plus de terres vierges

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Seulement 2 % à 3 % de la surface terrestre sont encore dans le même état naturel qu'il y a 500 ans, signale ce jeudi une étude d'un groupe international de chercheurs universitaires.

Amazonie
La forêt amazonienne contient encore quelques espaces totalement vierges, tout comme le massif du Congo et les terres boréales de Sibérie Orientale et du nord du Canada. Mais ce sont les derniers.

 

C'est peut-être bientôt la fin. La planète n'abrite plus que 2 % à 3 % d'espaces terrestres vierges, ceux dont la faune et les habitats naturels sont restés dans un état strictement identique à ce qu'il était en l'an 1500. Une part de « biodiversité intacte » très inférieure à toutes les estimations émises sur le sujet jusqu'à présent, lesquelles oscillent entre 20 et 40 % d'espaces non impactés par la présence et les activités de l'homme, indique une étude internationale mise en ligne jeudi sur le site de l' ONG Frontiers .

Un tel écart tient à la méthode d'analyse particulièrement draconienne qu'a adoptée la douzaine de chercheurs de plusieurs universités d'Europe et d'Amérique du Sud associés à ces travaux. Leur méthode s'appuie sur les normes mondiales établies par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) afin d'identifier des « zones clés pour la biodiversité » (« key biodiversity areas ») sur la planète. Des lieux dont les écosystèmes sont absolument intacts.
Des espaces très mal protégés

Les chercheurs y ont ajouté deux autres critères de « virginité écologique » : l'un relatif à l'état de la faune qui ne doit avoir essuyé aucune perte d'espèces depuis l'an 1500, l'autre à la capacité du milieu naturel à conserver la même population animale sous peine de voir ses écosystèmes gravement affectés. Cette grille d'analyse a ensuite été systématiquement appliquée sur une échelle de territoire de 10.000 kilomètres carrés. Un espace minimum dans lequel tous les critères définis par l'étude devaient être satisfaits pour être classé « 100 % naturels ».

Les résultats sont pour le moins préoccupants. En plus d'être réduites à leur strict minimum, les dernières terres vierges sont très vulnérables. « Seulement 11 % sont comprises dans le périmètre de zones protégées », indique l'étude. Beaucoup coïncident avec des territoires gérés par des communautés indigènes qui jouent un rôle essentiel dans leur préservation.
Une tendance réversible

Ces derniers territoires de « pleine nature » encore en état de marche sont concentrés sur la Sibérie orientale et le nord du Canada pour les espaces boréaux et de toundra. Les forêts tropicales d'Amazonie et du Congo concentrent également les ultimes parcelles à la biodiversité intacte et encore non menacée.

Le processus de dénaturation de la planète, qui semble en voie d'achèvement, n'est cependant pas irréversible. « Il est encore possible de rendre à 20 % des terres leur authenticité écologique », estime Andrew Plumptre, coauteur de l'étude et chercheur à l'Université de Cambridge. Un des moyens d'y parvenir consiste à réintroduire des espèces dans les territoires où l'impact des activités humaines est encore faible.

Une solution qui ne manquera pas d'être débattue au prochain congrès de l' UICN , prévu en septembre à Marseille. Et plus encore à la conférence mondiale sur la biodiversité, la COP 15 , qui doit se tenir le mois suivant à Kunming, en Chine. L'un des enjeux de cette conférence onusienne est de parvenir à faire s'entendre tous les pays sur l'objectif d'une protection de 30 % de la planète d'ici à 2030.

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Loi climat : l’Assemblée nationale vote la suppression de certaines lignes aériennes intérieures

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Cette mesure emblématique du projet de loi climat vise à supprimer des liaisons entre Paris (Orly) et Nantes, Lyon ou Bordeaux.

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L‘Assemblée nationale a voté samedi soir en première lecture la suppression de certaines lignes aériennes intérieures, en cas d’alternatives en train de moins de 2h30, après un débat animé et des divergences jusque dans la majorité.
Cette mesure emblématique du projet de loi climat vise à supprimer des liaisons entre Paris (Orly) et Nantes, Lyon ou Bordeaux, mais prévoit des exceptions pour les trajets en correspondance. La Convention citoyenne pour le climat avait réclamé de renoncer aux lignes intérieures en cas d’alternatives de moins de 4 heures en train, et non 2h30.
Le vote s’est joué à 56 voix pour et 14 voix contre sur 70 suffrages exprimés.

Le projet de loi gouvernemental entérine surtout l’existant, puisque le gouvernement avait contraint Air France à renoncer aux liaisons concernées en contrepartie d’un soutien financier en mai 2020. Il interdira aux concurrents de s’engouffrer dans la brèche. « Nous avons choisi (le seuil en train de) 2h30 car 4 heures ça vient assécher des territoires souvent enclavés comme le grand Massif central… Ce serait inique sur le plan de l’équité des territoires », a argumenté le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.

Levée de boucliers de tous bords

La mesure a suscité une levée de boucliers de parlementaires de différents bords, souvent élus du Sud Ouest, territoire d’implantation d’Airbus, à Toulouse, et de nombre de ses sous-traitants. Le PS Joël Aviragnet (Haute-Garonne) a fustigé le « coût humain disproportionné » du dispositif et mis en garde contre les pertes d’emplois dans l’aéronautique. Son collègue David Habib a critiqué une mesure de « décroissance » et de « chômage ».

À droite, Jean-Marie Sermier et Martial Saddier (LR) ont dénoncé une mesure qui vient « casser une filière d’exception ». En raison du Covid, « on a une filière qui va très mal », a abondé le MoDem Nicolas Turquois, membre de la majorité. Le ministre Jean-Baptiste Djebbari a voulu « dédramatiser le débat », soulignant « la complémentarité des modes » entre avion et train : « à chaque fois », le développement des TGV a « asséché très rapidement » les lignes aériennes concernées, a-t-il insisté.
À l’inverse, écologistes et insoumis ont plaidé pour revenir à la proposition initiale de la Convention citoyenne pour le climat, avec le seuil de 4 heures. La députée Danièle Obono (LFI) a d’ailleurs défendu un amendement en ce sens au Palais Bourbon samedi soir. Il préconisait d’interdire les vols intérieurs en cas d’alternative en train allant jusqu’à 4 heures. « Ce sont les plus riches qui polluent l’air de la majorité », a précisé l’élue.

Mathilde Panot (LFI) a critiqué « l’article vide » du projet de loi actuel. Un seuil de 4 heures permettrait de supprimer les lignes « les plus émettrices » de gaz à effet de serre comme Paris-Nice, Paris-Toulouse et Paris-Marseille, a insisté Danièle Obono (LFI).

Un décret devra préciser la mesure et les éventuelles autres lignes susceptibles d’être concernées comme Paris-Rennes ou Lyon-Marseille. Le projet de loi prévoit également une compensation carbone graduelle des vols intérieurs - Air France l’applique déjà - et l’interdiction de l’agrandissement des installations aéroportuaires par expropriation si elles entraînent une hausse des émissions.

 

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« Ce qui se passe ici n’est pas normal » : le changement climatique crée des forêts fantômes

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En raison de phénomènes causés par le changement climatique, certaines forêts n'ont pas le temps de s'adapter. Les arbres meurent et de nouveaux arbres n'arrivent plus à pousser. Cela génère des forêts fantômes.

Forêt-fantôme
À gauche de la route, des forêts fantômes, à droite, des forêts encore saines. C’est le résultat de l’ouragan Irène, en 2011, qui avait propulsé un mur d’eau salée jusqu’à cette route.

« Sur toute la côte de la Caroline du Nord, les preuves de la disparition des forêts sont partout. Presque tous les fossés en bordure de route que je croise en conduisant dans la région sont bordés d’arbres morts ou mourants », écrit Emily Ury. Avec trois autres biologistes, cette écologue est à l’origine d’une étude acceptée dans la revue Ecological Applications, fin mars 2021, et dédiée à la déforestation rapide observée sur la côte Atlantique des États-Unis.

« Comme tous les organismes vivants, les arbres meurent. Mais ce qui se passe ici n’est pas normal. » Dans cette région des États-Unis, la déforestation est visible ne serait-ce qu’à l’œil nu d’après les biologistes à l’origine de cette étude. Dans la zone concernée, qui comprend pourtant le grand refuge côtier de Caroline du Nord, un lieu protégé et donc dénué d’activités humaines, des parcelles entières d’arbres meurent et les jeunes arbres ne poussent pas pour les remplacer.

Comme l’expliquent les auteurs, la principale origine du phénomène est à trouver dans la montée des eaux. Celle-ci provient du changement climatique et s’amplifie. Elle provoque une humidification accrue des zones humides, mais les rend également plus salées — l’eau de mer est 400 fois plus salée que l’eau douce. C’est là que se pose un problème pour les arbres initialement installés dans un écosystème d’eau douce. « L’élévation rapide du niveau de la mer semble dépasser la capacité de ces forêts à s’adapter à des conditions plus humides et plus salées », explique Emily Ury. D’autant plus que, dans cette région, l’élévation est très rapide : 30 centimètres en un siècle (et elle pourrait atteindre 1 mètre ou plus d’ici la fin du XXIe siècle).

Une grande partie des forêts fantômes de la Caroline du Nord sont toutefois observées à plus d’un kilomètre des côtes. Car avant même que la montée des eaux ne soit visible, l’eau de mer infiltre ces régions jusqu’à atteindre les forêts côtières. Une infiltration aidée dans cette région par les centaines de kilomètres de fossés et de canaux construits au milieu des années 1900 comme conduits d’évacuation.

En pénétrant les terres de ces forêts, le sel « aspire » l’eau contenue dans les cellules végétales et assèche les semences en privant les graines de leur propre humidité. Pour les arbres sensibles à ce phénomène, la germination de nouvelles pousses ne fonctionne plus, et c’est une réaction en chaîne : les arbres existants meurent sans être remplacés par d’autres arbres, sauf par des herbes et des petits arbustes tolérants au sel. «  Les arbres morts aux troncs pâles, dépourvus de feuilles et de branches, sont un signe révélateur des niveaux élevés de sel dans le sol », déplore Emily Ury.
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Emily Ury et ses collègues ont étudié les forêts fantômes depuis l’espace, à l’aide d’images satellites de 1985 à 2019, pour mieux identifier les causes, l’état actuel et l’évolution du phénomène. «  Les résultats ont été choquants », écrit Emily Ury. En 35 ans, 11 % de la surface forestière du refuge côtier de la Caroline du Nord s’est transformé en forêts fantômes, soit 21 000 acres (plus de 8 000 hectares).
En plus de l’élévation du niveau de la mer, «  les phénomènes météorologiques extrêmes, alimentés par le changement climatique, causent des dommages supplémentaires dus aux fortes tempêtes, aux ouragans plus fréquents et à la sécheresse ». Les tempêtes et les ouragans projettent de l’eau salée sur les forêts ; et la sécheresse, période durant laquelle l’eau douce est absente, facilite la pénétration et les effets de l’eau salée dans les sols forestiers.

C’est ainsi qu’Emily Ury et ses coauteurs identifient un point de bascule en 2011-2012, une période intense de sécheresse, à laquelle se sont ajoutés l’ouragan Irène et des feux de forêt. Cela a provoqué des « dépérissements massifs d’arbres dans toute la région ».

Des conséquences sur la biodiversité et le climat

Les forêts fantômes permettent de constater les conséquences du changement climatique à l’échelle globale, même là où l’être humain n’agit plus directement (dans cette région, plus de la moitié des forêts fantômes sont observées dans une zone « protégée »). La perte rapide des forêts sur la côte de la Caroline du Nord vient avec des « répercussions en cascade sur la faune et la flore », par exemple sur le loup roux et le pic à tête rouge, qui sont devenues des espèces menacées ces dernières années. Par ailleurs, les forêts humides constituent des stocks de carbone, et leur disparition retire peu à peu un « tampon » face au réchauffement.

La Caroline du Nord n’est qu’un aperçu plus visible d’un phénomène ayant lieu dans d’autres localités. De nombreuses régions côtières, dans le monde, sont concernées par la montée des eaux ne serait-ce qu’en étant atteintes par l’eau salée, alors que ce n’était pas le cas avant dans ces écosystèmes. Cela menace alors la biodiversité, certes, mais aussi les cultures locales, ou même les aquifères d’eau douce dont des populations dépendent pour obtenir de l’eau potable.

Les solutions ne sont toutefois pas inexistantes. Elles consistent notamment en de nouvelles approches de gestion des terres, avec des stratégies adaptatives, comme faciliter la transition des forêts vers les marais salés en introduisant par exemple, dans les zones menacées, des plantes adaptées aux eaux salées. Bien que cette idée soit controversée, « car elle va à l’encontre de la volonté de préserver les écosystèmes tels qu’ils sont », Emily Ury estime que cela pourrait être mieux que de laisser ces forêts mourir. «  Une gestion proactive peut prolonger la durée de vie des zones humides côtières, leur permettant de continuer à stocker du carbone, à fournir un habitat [à la biodiversité], à améliorer la qualité de l’eau et à protéger les terres agricoles et forestières productives des régions côtières. »

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Climat : la moitié des poissons de haute mer a fui les eaux équatoriales

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En quarante ans, de nombreuses espèces se sont s’éloignées de la zone équatoriale, devenue invivable. C’est ce que conclut une nouvelle étude publiée dans la revue «Pnas».

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Dans les océans, l’exil climatique est bien en marche. Selon une étude inédite publiée dans la revue Pnas, les eaux équatoriales sont les plus touchées par la perte de richesse en espèces. La moitié des poissons de haute mer qui y nageaient ont déserté en quarante ans. Et ce, «en réponse directe au changement climatique», parce que leur milieu de vie est devenu trop chaud.

Cela «montre que la biodiversité équatoriale est menacée par le changement climatique et qu’elle y réagit actuellement», commente l’étude. Ce qui pourrait avoir des répercussions tant pour les écosystèmes que pour les activités qui en dépendent : la pêche et le tourisme.

L’étude a réuni des chercheurs de prestigieuses universités en Australie, Nouvelle-Zélande, à Hongkong et en Afrique du Sud. Comme attendu, ils constatent que «le nombre d’espèces a diminué à l’équateur» et a augmenté dans les zones subtropicales depuis les années 50. Les zones riches en espèces se sont donc déplacées et remontent vers les pôles.
Trop chaud sous les tropiques

Les travaux, pilotés par Chhaya Chaudhary, ont été menés pour la première fois à l’échelle mondiale et pour tous les types d’espèce. L’objectif était d’évaluer s’il y avait bien une baisse constante de la richesse des espèces à l’équateur sur tout le globe. Les chercheurs ont donc examiné la répartition de 48 661 espèces d’animaux marins depuis 1955. Et ce grâce au Système d’information sur la biodiversité océanique (Obis), une base de données mondiale accessible en ligne, dont la création a été dirigée par le professeur de l’Université d’Auckland Mark Costello, co-auteur de l’étude.

Plus les eaux se réchauffent autour de l’équateur, plus les espèces se raréfient, observent les chercheurs. La majorité des espèces stagne ou fuit lorsque la température moyenne annuelle de la mer est supérieure à 20°C. Dans l’hémisphère nord, les poissons de haute mer (sardines, anchois, maquereaux, éperlans, harengs, bonites, thons, espadons, requins…) ont davantage déménagé vers les pôles que les espèces des fonds marins (coraux, huîtres, algues…).

Ce changement est observé dans une moindre mesure pour l’hémisphère sud, où le réchauffement océanique est moins marqué.
«Nous réalisons que les tropiques ne sont pas si stables et sont trop chauds pour de nombreuses espèces», explique dans un communiqué l’Université d’Auckland. «Nos travaux montrent que les changements climatiques causés par l’homme ont déjà affecté la biodiversité marine à l’échelle mondiale pour toutes sortes d’espèces. Le changement climatique est avec nous maintenant, et son rythme s’accélère», avertit le biologiste Mark Costello. Ce qui n’augure rien de bon pour la suite.

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Masques et gants : les animaux victimes d'une nouvelle pollution liée au Covid-19

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Des chercheurs ont établi une liste non-exhaustive des animaux ayant été victimes de l'utilisation de gants et de masques jetables par les humains.

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Un singe mange un masque anti-Covid en Malaisie. (Photo : Mohd RASFAN / AFP)

Depuis plus d'un an, le monde a adopté de nouvelles habitudes. Chacun sort avec un masque ou des gants en latex afin de se prémunir de la pandémie de Covid-19. Au-delà de la crise sanitaire, ces objets abandonnés après utilisation représentent une nouvelle forme de pollution particulièrement nuisible pour la faune sauvage. Face à ce phénomène, qui touche tous les continents, les scientifiques tirent la sonnette d'alarme et appellent le public à mieux gérer ces déchets. Dans une étude publiée le 22 mars dans la revue Animal Biology, des chercheurs néerlandais ont dressé une liste non-exhaustive des animaux victimes collatérales de la pandémie de SARS-CoV-2.  

Un petit retour en arrière s'impose. En 2019, les autorités chinoises détectent un nouveau coronavirus responsable de la mort de plusieurs dizaines de personnes. Dès mars 2020, l'OMS déclare que le monde est confronté à une pandémie. Rapidement, le port du masque, de gants ou de blouses devient nécessaire, voire obligatoire, dans l'espace public de nombreux pays. "On estime que nous utilisons chaque mois 129 milliards de masques et 65 milliards de gants dans le monde", remarquent les biologistes Auke-Florian Hiemstra du Naturalis Biodiversity Center et Liselotte Rambonnet de l'université de Leiden, à l'origine de cette étude. Conséquence : la pollution par ces protections à usage unique a bondi en un an, même dans les régions inhabitées comme par exemple les îles Soko, à Hong Kong. Au point de menacer l'existence de nombreux animaux qui ingèrent ces déchets ou, piégés par ces derniers, finissent par mourir d'épuisement.  

Auke-Florian Hiemstra et Liselotte Rambonnet révèlent ainsi que des singes ont été observés en train de mâcher des masques faciaux, que des oiseaux et des poissons se sont retrouvés piégés dans des gants en latex aux Pays-Bas, ou encore qu'un masque de protection a été retrouvé dans l'estomac d'un pingouin. Mais les scientifiques ont souhaité intégrer ces découvertes dans un contexte plus large. Elles ont donc épluché toutes les observations réalisées sur le sujet à travers le monde, via les médias sociaux, les journaux locaux, les sites d'informations, mais aussi via les photographes spécialisés, les ramasseurs de déchets, les ornithologues, ou les centres de sauvetage de la faune.

De nombreux exemples

L'une des premières preuves du risque que représentent les protections sanitaires pour les animaux remonte à août 2020 avec l'image d'une perche commune piégée par un gant. Seule la queue du poisson d'eau douce dépassait. Les chercheurs font également état des premières observations connues de l'utilisation de masque par différents oiseaux pour la nidification. "Ce comportement a d'abord été observé chez une foulque macroule (Fulica atra), une espèce connue pour ses nids anthropiques et nichant sur le canal Keizersgracht à Amsterdam, le 3 juin 2020", notent les scientifiques. Un autre nid de la même espèce a été repéré à Leyde. Il comprenait cette fois-ci un masque et un gant en latex.
Si cette espèce d'oiseaux utilisent à bon escient cette pollution, d'autres en pâtissent gravement. "La première victime signalée des déchets du Covid-19 dans le monde, à notre connaissance, était un merle d'Amérique (Turdus migratorius). Cet oiseau semble être mort après s'être emmêlé dans un masque facial à Chilliwack, en Colombie-Britannique, au Canada, le 10 avril 2020", indiquent les chercheuses. D'autres cas ont suivi.

Au-delà des oiseaux et des poissons, d'autres animaux souffrent de cette pollution : chauves-souris, renard roux, hérisson commun, crabes, pieuvres... Et la liste n'est pas complète. Au Brésil, un manchot de Magellan retrouvé sur une plage avait dans l'estomac un masque facial. Des macaques crabiers ont également été photographiés en train de mâchouiller des masques en Malaisie. Des chiens et des chats ont été hospitalisés après avoir ingéré des déchets médicaux liés au Covid-19. Bien entendu, les témoignages et observations ne suffisent pas à lister l'ensemble des interactions entre les animaux et la pollution sanitaire.  

Prise de conscience

Comment expliquer un tel phénomène ? "Les animaux s'affaiblissent parce qu'ils s'emmêlent ou meurent de faim à cause du plastique dans leur estomac. Les vertébrés et les invertébrés sur terre, dans l'eau douce et dans l'eau de mer s'emmêlent ou sont piégés dans les déchets du coronavirus", expliquent les deux auteurs du rapport.  

"Pour mesurer toute l'ampleur de ce problème", les auteurs de cette nouvelle étude encouragent les personnes à ajouter leurs observations d'animaux affectés par cette pollution sur le site www.covidlitter.com. Alors que la pandémie n'est pas encore derrière nous, les scientifiques jugent urgent de prendre conscience du danger que représentent cette nouvelle pollution trop souvent ignorée pour la faune sauvage.

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